M A R A P A S C A T I N A .
cédoriien, traduit d u chaldéen en grec (x), et
contient l'histoire des premiers ancêtres
(2). »
Le commencement de ce livre t r a i t e , d i t - i l ,
de Zérouan, de T i t an et de Japhétos ; chacun
des personnages célèbres des trois lignées de ces
trois chefs de race y est inscrit par o r d r e , cha–
cun à sa place, durant de longues années.
De ce l i v r e , Mai* Apas Catina, ayant extrait
seulement l'histoire authentique de no t r e na t i on ,
la po r t a au r o i Valarsace à Medzpine (3), écrite
en caractères grecs et syriens
(4).
Valarsace le
(1)
Les mots
Ouin, «
Grec », et
Ounasdan,
«
la Grèce »,
qui sont la transcription des noms "I<ov, 'Iwvtœ, sont éga–
lement employés par les Arabes, sous la forme
Ioundn,
par opposition aux
Roumis
qui sont les Grecs modernes.
(2)
On ne saurait mettre en doute ici qu'il s'agit d'un
ouvrage historique, appartenant à la littérature naba-
téenne, dont la science s'est fort occupée dans ces der–
niers temps ( Cf. à ce sujet E. Quatremère,
Mémoire
sur les NabatéetiSi
dans le
Journal asiatique,
1835. —
Chwolsohn,
Die Ssabier und der Ssabismus,
Pétersb.,
1856, 1.1,
p. 705 et suiv., t. I I , p. 910-911.
—
Le même,
Ueber die Ueberreste der Altbabylonischen
Literalur
in Arabischen Uebersetzungen
,
Pétersb., 1859. —
Renan,
Hist. des langues sémitiques,
3
e
édit., 1863,
p. 242 et suiv.) Cet ouvrage, dont l'auteur n'est pas
nommé, n'est pas l'œuvre de Bérose, comme l'a supposé
E. Quatremère, dans le
Journal des Savants
(1850,
p. 364 et suiv.); i l est plus probable que c'est un écrit
chaldéen qu i , ayant été traduit dans la langue grecque,
aurait été attribué à Bérose, sur le compte duquel l'an–
tiquité classique se plaisait à placer tous les écrits de la
littérature babylonienne dont elle avait eu connaissance.
(
Cf. notre
Mémoire sur lej sources de Moïse de Kho–
rêne,
dans les
Mélanges asiatiques
de l'Académie des
Sciences de S.-Pétersb., et
Bulletin
de la même compa–
gnie, t. I I I , p. 531 et suiv.)
(3)
Medzpine était une ville du pays des Aghedznik,
dans la partie de la Mésopotamie qui appartenait aux
Arméniens. Elle fut, pendant toute la durée de la dynastie
arsacide, la capitale du royaume, et cessa d'être la
résidence des rois à l'époque où Abgar, premier prince
chrétien de l'Arménie, transporta le siège de son gou–
vernement
à
Édesse (Moïse de Khorêne,
Hist. oV'Armé–
nie,
liv. I I , ch. 27). Aujourd'hui Medzpine s'appelle
Nisibe, nom qu'elle porta aussi pendant l'antiquité et le
moyen âge.
(4)
L'histoire de l'écriture chez les Arméniens est un
des problèmes les plus intéressants que l'antiquité nous
ait légués. On ne sait que fort peu de chose
à
ce sujet,
et tout ce que l'on en peut dire se borne
à
quelques pas–
sages obscurs, conservés dans les historiens et les écri–
vains arméniens, et qui peuvent donner lieu à beaucoup
de controverses. Toutefois on doit présumer, non sans
quelque raison, que
le
mode d'écriture en usage chez
les anciens Arméniens, à l'époque qui précéda l'avène–
ment de la dynastie arsacide, était le même que celui
employé par les Assyriens, les Babyloniens et les Aché-
ménides, et que l'on désigne, à cause de la forme des
signes, sous le nom générique d'écriture cunéiforme. En
effet, on a découveit à Van, à Malatiyah, à Palou, au
Kellachim et en dernier lieu
à
Kalincha ou Kanlidja, des
inscriptions cunéiformes, appartenant à un système d'é-
beau , habile à t i r e r Tare, pr i nce éloquent, i n –
génieux et s u b t i l , estimant cette histoire comme
criture différent de ceux employés par les Assyriens,
les Babyloniens et les Achéménides, et que l'on croit être,
conçues en langue arménienne ancienne
ouarméniaque.
(
Cf. Schultz,
Mémoire sur le lac de Van,
dans le
Journal asiatique
, 1840,
p. 257 et suiv. — C. Ritter,
Monatsberichte
iiber die Verhandlungen der Ge-
sellsckaft fur Erdk. in Berlin,
1840,
p. 70 et suiv. —
G. F. Grotefend, dans les
Original papers read before
the Syro-Egypt. Soc. of London,
1.1,
p. 127 et suiv.
—
A. La-yards,
Niniveh and its remains,
t . I I , p. 137.
—
Le même,
Inscript, in the cuneif. cliaracter from
Assyr. monuments,
f. 74.
—
Khanikoff, dans les
Mé-
lang. asiat.
de l'Acad. des Se. de St-Pétersbourg, t . I I I ,
p. 76 et suiv. — Brosset et Kunik,
Notice sur deux
Inscr. cunéiformes de VArménie russe,
dans les
Mé-
lang. asiat.,
t. IV, p. 671 et suiv.). Bien que la lecture
de ces inscriptions, dites
armêniaques
,
soit encore un
problème, puisque les savants ne sont pas d'accord sur
L'idiome qu'elles représentent, et que les uns veulent y
voir une langue sémitique (Saulcy,
Recherches sur les
inscriptions de Van,
Paris, 1848 ), les autres une langue
indo-européenne ( E. Hincks, dans le
Journal of the
Royal asiatic'Soc. of Great Britain
,
t . IX, p. 387 et
suiv.), les troisièmes enfin un idiome composé d'éléments
touraniens et arméniens, mais n'ayant rien de sémitique
(
Mordtmann, dans la
Zeilschrift der D. M. G.,
t . X I I I ,
p. 704-705), nous croyons qu'un jour ou l'autre, on
pourra découvrir le moyen de les déchiffrer, en s'aidant
des méthodes qui ont contribué à expliquer les inscrip–
tions assyriennes et celles des Achéménides. M. J . Oppert,
qui s'est occupé aussi des inscriptions dites
arménia-
ques,
croit que ces textes cachent, à n'en pas douter,
un idiome indo-européen, et i l a à plusieurs reprises
exprimé cette opinion (
Archives des missions scienti–
fiques, t. V,
p. 179 et suiv. — Athenaeum français, 1854.
Remarques sur les différ. écrit, cun.,
p. 992, col. I . —
Expédition de la Babylonie
,
t . I I , pag. 9.). Quoi qu'il
en soit, il parait certain que l'ancienne langue arménienne
qu i , on le sait, est composée en notable partie de
racines indo-européennes (Neumann, dans la
Zeitschrift
fur die Kunde des Morg.,
I , p. 242.
—
Gosche,
de
ariana lingux gentisque Armen. indole,
p. 50 et suiv.),
et de quelques éléments sémitiques, par suite du
mélange de la race d'Haïg evec les populations ara-
méennes primitivement établies sur le sol de l'Arménie
(
Renan,
Histoire des langues sémitiques,
liv. I , ch. I I ,
p. 52), a été écrite d'abord avec des caractères cunéi–
formes. A une époque relativement plus moderne, et qui
s'est prolongée jusqu'au quatrième siècle de notre ère,
l'antique écriture en forme de clous fut abandonnée, et
les Arméniens employèrent pour écrire leur langue les
caractères persans, grecs et syriens (Agathange,
Histoire
de Tiridate,
éd. Ven., p. 85, 136.
—
Moïse de Khorêne,
Histoire d?Arménie,
liv. I I I , ch. 4 et 52.
—
Lazare de
Pharbe,
Histoire d'Arménie,
éd. Ven., p. 27.
—
Diodore
de Sicile, liv. XIX, 23.
—
Polyen, liv. IV, ch. 8, § 3).
Cependant on raconte qu'au temps d'Arsace les Armé–
niens avaient un système graphique qui leur appartenait
en propre ( Philostrate,
Vie d'Apollonius de Tyane,
liv. I I , ch.
2)
;
ce fait serait de nature
à
modifier toutes
les idées reçues jusqu'à présent sur l'emprunt que les
Arméniens avaient fait aux Perses, aux Syriens et aux
Grées de leurs alphabets. I l pourrait se faire en effet que,
Fonds A.R.A.M