MAR APAS CATINA.
HISTOIRE ANCIENNE DE L'ARMÉNIE.
I . (EXTRAIT DE L'HISTOIRE DE MOÏSE DE KHORÈNE,
L I VRE I , CH. v i n . )
Qui a trouvé ces récits et d'où sont-ils tirés?
Varlarsace (Vagharschag)
(
i )
ayant
disposé et réglé d'une manière grande et digne
toutes les parties de sa puissance, et organisé son
empire, voulut savoir quels étaient les princes
qui, jusqu'à l u i , avaient régné sur le pays des
Arméniens ; si enfin il tenait la place de princes
généreux ou fainéants. Ayant trouvé un Syrien,
Mar Apas Catina
(2),
homme profond et très-
versé dans les lettres grecques et chaldéennes, il
l'envoya avec de riches présents chez son frère
aîné Arsace (Arschag), en le priant de lui ou–
vrir les archives royales.
I I .
(
CH.
IX. )
Lettre de Valarsace, roi des Arméniens, a Arsace
le Grand, roi des Perses.
«
A Arsace, souverain couronné de la terre
et de la mer, toi, de qui la personne et l'image
sont semblables à celles de nos dieux, dont la
fortune et les destinées sont au-dessus de celles
de tous les rois, dont les conceptions sont aussi
vastes que l'étendue du ciel sur la terre,
Va–
larsace , ton frère cadet et ton compagnon d'ar–
mes, par ta grâce roi des Arméniens, salut et vic–
toire à toujours ! L'ordre que tu
m
'
as donné d'al–
lier la sagesse à la vaillance, je ne
l
'
ai jamais
oublié;
j
'
a i veillé sur toutes choses, autant que
(1)
Valarsace, frère d'Arsace V appelé aussi Mithri–
date I
e r
,
fut choisi par son frère pour gouverner les Ar–
méniens , qui avaient volontairement appelé les Parthes,
à la suite des troubles qui agitaient leur pays. Ce prince,
qui fut le fondateur de la dynastie arsacide d'Arménie,
régna de l'an 149 av. J.-C. jusqu'à l'an 127.
Cf. Moïse
de Khorène,
Histoire d'Arménie,
liv. I I , ch. 3 et suiv.
Jean Catholicos,
Histoire d'Arménie,
éd. St-Martin,
ch. vin, p. 9.
(2)
Un msc. donne
la
variante
Mar Jpas Catina.
Le
Pseudo-Agathange (Cf. Sébéos,
Hist. d'Héraclius,
éd.
Mihrtad, cp
,
e
. 1851,
p. 1 ) l'appelle
Marappas
en un seul
mot.
me l'ont permis mes forces et mon habileté.
Maintenant que ce royaume est solidement éta–
bli par tes soins,
i l m
'
est venu à
l
'
esprit de con–
naître quels furent les princes qui avant moi ont
régné sur le pays des Arméniens, et d'où vien–
nent les satrapies qui y sont établies. Car i c i ,
i l n'y
a
point de règlements connus, n i de culte
déterminé;
-
on ne sait qui est
l
'
homme le plus
considérable du pays, et qui est le dernier. Rien
n'est réglé ; tout y est confus et à
l
'
état sauvage.
«
Je
supplie donc ta Majesté de faire ouvrir
les archives royales à celui qui se présentera
devant ta vaillante Majesté. Après avoir trouvé
ce que désire ton frère, ton fils, i l
s
'
empressera
de lui rapporter des documents authentiques.
Notre satisfaction venue de l'heureux succès de
nos désirs, est, je le sais, un sujet de joie pour
toi. Salut, to i , illustré par ton séjour parmi les
immortels. »
Arsace le Grand, ayant reçu la lettre des mains
de Mar Apas Catina, ordonna avec plaisir et em–
pressement de lui Ouvrir les archives de N i -
nive
(1)
;
heureux qu'une si noble pensée fut ve–
nue
à
son frère, auquel i l avait remis la moitié
de son empire. Mar Apas Catina, ayant examiné
tous les manuscrits, en trouva u n , en grec, sur
lequel, dit-il, était cette suscription :
«
COMMENCEMENT DU LIVRE
(2).
a
Ce livre fut, par ordre d'Alexandre le Ma-
(1) 11
ne paraît pas probable qu'au temps de Mithri–
date I
e r
,
cinquième roi ( sixième, selon P. Orose, liv. V,
ch. 4) parthe de la dynastie des Arsacides, qui vivait
dans le courant du deuxième siècle avant notre ère, la
ville de Ninive fût encore debout et renfermât des ar–
chives royales (Cf. Quatremère, dans le
Journal des
Savants,
juin 1850). Mais on peut croire que, par archives
de Ninive, i l faut entendre, soit les débris de ce dépôt
qui auraient été rassemblés par les soins des Séleucides
et seraient ensuite passés aux mains des rois parthes,
qui les possédaient quand Mar Apas Catina vint les con–
sulter; soit enfin les archives d'Ecbatane qui existaient
encore sous les premiers rois de Perse, à ce que raconte
Esdras (liv. I , ch. 6, vers. 1-2).
(2)
C'est ici que commencent dans Moïse de Khorène
les extraits du livre de l'anonyme chaldéen compilé par
Mar Apas Catina.
1 3
Fonds A.R.A.M