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I l ne reste de cette littérature nabatéenne ou
chaldéenne que des écrits fort peu nombreux ( i ) ,
dont le plus important est le traité d'agriculture
de Kouthami, traduit en arabe au dixième siè–
cle
(2).
Ce que les Grecs et les Latins nous ont
transmis touchant la science chaldéenne a les
rapports les plus intimes avec ce que les Arabes
nous ont appris relativement à la littérature na–
batéenne. Toutefois nous devons ajouter que s i ,
à l'époque romaine, le nom de science chal–
déenne servait à couvrir le plus grossier charlata–
nisme, il ne s'ensuit pas qu'il faille nier d'une
manière absolue un développement très-sérieux
de sciences mathématiques et astronomiques en
Chaldée (3).
E n dehors des renseignements que nous four–
nissent les Arabes, les Grecs et les Latins, sur la
littérature chaldéenne, nous trouvons, chez
d'autres peuples, la mention très-précise de livres
chaldéens, que nous n'hésitons pas à identifier
avec les productions du génie nabatéen. Bérose,
Bardesane etMoïse de Khorène, qui appartiennent
à trois nationalités orientales différentes, citent,
souvent, dans leurs écrits, des compositions ap–
partenant à la littérature chaldéenne
(4)
;
et leurs
compilations, malgré de nombreux contre-sens et
peut-être quelques impostures, renferment à n'en
pas douter des lambeaux de cette culture scien–
tifique
(5)
qui , depuis un âge très-reculé j us –
qu'à une époque voisine de l'ère chrétienne, prit
une grande extension dans l'Asie occidentale, et
eut une influence très-sensible sur le développe–
ment intellectuel du monde grec et romain.
L a littérature chaldéenne ou nabatéenne,
comme on voudra l'appeler, eut une durée beau–
coup plus longue que celle des grands empires au
t. II, p.
163, 606, 780.
Renan,
Hist. des langues sé–
mitiques,
liv. III, ch.
2,
p.
242
et suiv.
(1)
Weyers,
Spécimen criticum,
p.
100-101
et note.
(2)
Chwoïsohn,
Ueber die Ueberreste der AUbaby-
lonischen Literalur.
Renan,
Mémoire sur l'âge du
livre intitulé : Agriculture nabatéenne.
(3)
Renan,
Histoire des langues sémitiques,
liv. III,
ch.
2,
p.
248
et suiv.
(4)
Fragmenta historicorum grxcorum,
t. II, p.
495
et suiv.
Berosus Chaldœus ; passim. —
Curcton,
Spicil.
syriac,
p.
24. —
Journal asiat.
(1852),
p.
296
et suiv.
Moïse de Khorène,
Hist. d'Arménie,
liv. I, ch.
2, 3,
9, 18, 21
et
passim.
(5)
Renan,
Hist. des langues sémitiques,
liv. III,
ch.
2,
p.
249
et suiv.
U C T I O N .
sein desquels elle avait pris naissance et s'était
développée. Sortant peu à peu des limites de la
Babylonie, elle s'était étendue dans toute la Mé–
sopotamie , et c'est de là surtout qu'elle se pro–
pagea dans l'Occident. L e christianisme, qui sévis*
sait d'une façon si violente contre les anciennes
doctrines philosophiques et religieuses, ne put
anéantir complètement l'influence exercée sur les
masses par la littérature chaldéenne, mais il fut la
cause principale de la transformation qui s'opéra
chez les populations araméennes de la Mésopotamie,
en donnant naissance à une littérature nouvelle,
le syriaque, dont le point d'attache avec le chal-
déen ou nabatéen n'échappe point complètement
à notre appréciation. « C'est un fait assez singu–
lier, dit M. Renan
(1),
qu'une littérature appa–
raissant ainsi sans antécédents et sans qu'aucune
tradition nous ait été conservée d'une littérature
nationale antérieure ; mais la surprise que nous
cause cette brusque apparition n'est quîun effet
de l'ignorance où nous sommes sur les anciennes
études araméennes. » Cependant la science a ac–
quis aujourd'hui la certitude que la langue sy–
riaque n'est que le prolongement chrétien du
nabatéen ; car ce que nous savons des écrits de
Bardesane et les fragments qui nous en restent
(2)
nous prouvent que ce gnostique se ranache à
l'école chaldéenne par ses ouvrages
(3),
si vive–
ment réfutés par saint Éphrem, le représentant le
plus glorieux de l'école chrétienne d'Édesse
(4).
Cette entrée en matière était nécessaire pour
bien faire comprendre la liaison qui unit la litté–
rature ancienne de la Chaldée à celle de la Syrie
chrétienne, et en même temps pour appeler l'at–
tention du lecteur sur l'influence que la littérature
syriaque elle-même devait exercer sur celle des
Arméniens, voisins des Syriens, et qu i , à une cer–
taine époque, se fusionnèrent avec ces derniers
dans la toparchie de l'Osrhoène
(5).
Edesse, en s'é-
(1)
Hist. des langues sémitiques,
liv. III, ch.
3,
p.
259.
(2)
Journal asiat.
(1852),
p.
296
et suiv.
(3)
Assemani,
Bibliolhcca orientalis,
1.1,
p.
122
et
suiv. —
Œuvres de saint Éphrem,
t.
XL
(
syr. et latin),
p.
144
et suiv.
(4)
Cf.
Vita S. Ephremi
dans ses Œuvres, t.
Ill,
p.
23. —
Chron. Edess.
dans Assemani',
Biblioth.
orient.,
1.1,
p.
397.
Villemain,
Essai sur Véloquence
chrétienne au quatrième siècle; passim.
Allemand
Lavigerie,
Essai historique sur l'école chrétienne d'É–
desse,
ch. I I , p.
41
et suiv.
(5)
Bayer,
Historia Osrhama: passim.
Cf. aussi
Fonds A.R.A.M