INTRODUCTION.
A une époque très-reculée de l'histoire du
inonde, Babylone était le centre d'une culture
intellectuelle très-développée. Une peuplade d'o–
rigine arienne, détachée de là famille iranienne,
et sortie des montagnes de la Chaldie, région située
sur les rivages méridionaux du Pont-Euxin ( i ) ,
ayant émigré dans les contrées de l'Euphrate et du
T i g r e , fut amenée, par une série de circonstances
restées inconnues, à régner sur Babylone, dans
le commencement du huitième siècle avant notre
ère
(2).
Cette peuplade, désignée par les Juifs
sous le nom de
Kasdes
(3),
et par les Grecs
sous celui de Xo&Satot,
Chaldéens
,
semble i n d i –
quer, d'après les écrivains hébreux, une nation
militaire, tandis que chez les Grecs, et selon le
témoignage d'Hérodote
(4),
elle représenterait
une caste sacerdotale et plus tard un corps de
savants (5). A quelle époque la
science
prit-elle
naissance chez les Chaldéens ? C'est là un problème
que, dans l'état actuel de nos connaissances, i l est
impossible de résoudre. Tout ce que l'on peut
conjecturer, c'est que longtemps avant notre ère
i l existait dans la Chaldée, en dehors des livres
chaldéens composés par les Juifs
r
et de ceux qu i
furent écrits en syriaque par les chrétiens, une
vaste littérature araméenne , païenne et profane.
q u i a complètement disparu.
La science moderne s'est vivement préoccupée,
dans ces derniers temps, de rechercher les traces
(1)
Knobel,
Die Vœlhertafel der Genesis,
p. 163.—
Winer,
Bibl. Realvœrterbuch,t.
I , p. 217-218. —Renan,
Histoire des langues sémitiques
(3
e
édit.), liv. I , ch.
2,
p. 65 et 66. — Cf. aussi Constantin Porphyrogénète ,
de
Thematibus
,
p. 30 (éd. Bonn.).
(2)
Diodore de Sicile, liv. I I , ch. 24 et suiv. — Alexan–
dre Polyhistor [ 'Aaavpiaxà] dans les
Fragmenta histo-
ricorum grxcorum
de M. Ch. Mùller, t. I I I , p.
210.
§ 2
(
éd. de MM. Didot). — Nicolas Damascène, dans le
même recueil, t. I I I , p. 358, § 9.
(3)
Jérémie, XXI, 4; XXII, 25 ;
et passim.
—
Ezéchiel,
XX I I I , 23.
(4)
Hist.,
liv. I , 181,183.
(5)
Daniel, I I , 2, 5, 10; IV, 5; V, 7, 11.
ae cette littérature
(1),
et la critique est arrivée
à découvrir d'importants
fragments
dans les écrits
de littératures plus modernes, et notamment dans
les livres des Sabiens ou Mendaïtes, appelés im–
proprement les chrétiens dè saint Jean
(2),
et dans
ceux des Arabes (3), des Syriens
(4)
et des Armé–
niens (5).
Cette littérature, que les Grecs avaient désignée
sous le nom de chaldéenne, qui p r i t naissance à
Babylone et se développa durant une longue suite
de siècles dans l'Asie occidentale, semble à beau–
coup d'égards être identique à la culture intel–
lectuelle que les Arabes attribuent aux Nabatéens,
assimilés par eux aux Babyloniens ou Chal–
déens (6). Et en effet les Nabatéens, tels que nous
les représentent les Arabes, sont un peuple savant
en agriculture, en médecine, en magie, et ce
peuple n'est autre que les habitants de la Chai-
dée
(7).
(1)
Quatremère,
Mémoire sur les Nabatéens,
dans
le
Journal asiatique
(1835). —
Larsow,
de Dialcci.
lingux syriacx reliq.
—
Kunik, dans les
Mél. asiat.
de PAcad. des se. de S.-Pétersbourg, 1.1. —* Chwolsohn,
Die Ssabier und der Ssabismus.
—
Le même,
Uber die
Ueberreste der Altbabylonischen Literatur,
dans le
t. V I I I des Mémoires del'Acad. des se. de S.-Pétersbourg.
—
Renan,
Hist. des langues sémitiques,
liv. n i , ch. 2.
(2)
Renan,
Hist. des lang. sémit.,
liv. III, ch. 2, § 3.
(3)
Agriculture nabatéenne de Kouthami,
traduite
en arabe par Ibn Waljschiyah, publiée par M. Chwolsohn.
La traduction française de cet ouvrage a paru récemment
à Paris (1864); elle est due à M. Clément-Mullet. — Re–
nan,
Mémoire sur l'âge du livre intitulé : Agriculture
nabatéenne
(
Mém. de PAcad. deslnscr.et Bell.-Lettr.,
t. XXIV, l
r e
partie).
(4)
W. Cureton,
Spicilegium syriacum,
p. 26. —
Jour–
nal asiatique
(1852),
p. 296 et suiv.
(5 )
Moïse de Khorène;
Hist. d'Arménie,
liv. I , ch.
2,
3, 9,18, 21 ;
et Appendice du liv. L
(6)
Cf. Quatremère,
Mém. sur les Nabatéens; passim.
—
Chwolsohn,
Die Ssabier,
t . I , p. 703 et suiv. —
Weyers,
Spécimen criticum exhibais locos Ibn-Kha-
canis,
p. 101 et la note (Leyde, 1831).
(7)
Quatremère,
Mém. sur les Nabatéens,
p. 58 et
suh* — Chwolsohn,
Die Ssabier, 1.
1,
p. 698 et suiv.,
1.
Fonds A.R.A.M