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D I S COURS PRÉLIMINAIRE.
mans qui avaient appris à fond l e syriaque et qui traduisirent, concurremment
avec les Syriens, beaucoup d'ouvrages grecs, dont i l existait des versions s y r i a –
ques. Nous dépasserions le cadre qui nous est tracé, si nous voulions rappeler
ici les noms et les travaux de ces savants interprètes
(
i ) ;
contentons-nous de
rappeler qu'à leur tête figure Averroès, qui ne futpas seulement un des traduc–
teurs des écrits du philosophe de Stagyre, mais qui commenta aussi Aristote et
devint le chef d'une école célèbre à laquelle il a donné son nom (2) .
Malgré son éloignement des limites extrêmes de l'extension orientale de l a
langue grecque, l'Inde subit à un certain degré l'influence de l'hellénisme.
L a fondation des royaumes grecs de la Ractriane et de la vallée de l ' Indus , où
des soldats d'Alexandre avaient établi des empires, détermina l'emploi du
grec comme langue officielle. Le s monnaies bactriennes et autres qu i , depuis
quelques années, abondent dans les collections numismatiquès, sont là pour
attester ce fait ( 3 ) . Un passage d'Elien nous donne aussi à entendre que les I n –
diens chantaient les vers d'Homère dans leur idiome (4) • Nous savons encore
que les Indiens avaient emprunté aux Grecs leur astronomie ( 5 ) , et que les
brahmines tenaient en grand honneur la littérature des Hellènes
(6).
Les Ethiopiens reçurent également des Grecs* la Bi b l e , leurs symboles et
toute leur culture intellectuelle , et ils leur furent probablement aussi redevables
de leur alphabet. On connaît aujourd'hui beaucoup d'ouvrages grecs, traduits
en
ghez
9
langue classique et savante de l'Abyssinie. Ce fut dès le quatrième siè–
cle de notre ère que l a Bible des Septante fut traduite dans l'idiome éthio–
pien, et c'est grâce aux versions éthiopiennes des livres apocryphes de l 'Anc i en-
Testament , entreprises dans les siècles suivants , que le livre d'Hénoch, dont
le texte original est perdu maintenant, nous a été conservé ( 7 ) . On croit généra–
lement que les Ethiopiens ne traduisirent pas directement du grec tous les ou–
vrages dont ils entreprirent des versions dans leur langue, et Ton s'accorde à
penser que les traductions des livres grecs que possède leur littérature furent faites
sur des traductions arabes (8). Cependant, au sixième siècle, le grec était la langue
officielle de l'Ethiopie, car ce fut dans cet idiome qu'étaient conçus les textes
épigraphiques (9) et les légendes des monnaies ( 10 ) . Le code des lois dressé et
(1)
Wenrich,
op. cit.; passim.
(2)
Renan, Averroès et l'averroïsme ; essai historique
( 2
E
édit.).
(3)
Raoul-Rochette,
Notice sur les médailles grecques de la Baclriane et de l'Inde.
(
Extr.
du
Journal des savants,
années 1834, 35, 36.)
(4) /
Eliani
varix histor.y
liv. X I I , ch. 48.
(5)
Weber,
Hist. de la littérat. indienne,
trad. franc, p. 36, 49, 372 et suiv.
(6)
Philostrate,
Vie d'Apollonius de Thyane,
liv. I I I .
12.
Weber,
op. cit.,
p. 373.
Reinau.l .
Mém. sur VInde,
p. 86-87.
(7)
Dillmann,
Henoch liber, xthiopice cum variis lectionibus
(
Leipsik, 1851 ).
(8)
Renan,
Hist. des lang. sém.,
p. 335.
(9)
Bœckh et Franz,
Corp. inscr. grxc,
t.
I I I , p.
512
et suiv,, § 15.
Letronne,
Journaldes savants,
mai
1825.—
Le même,
Mém. de VAcad. des Inscr.,
t.
IX, p. 128 et suiv. — Le même,
Matériaux pour
servir à l hist. du christ, en Egypte, Nubie, etc.,
p. 44-52.
Droysen,
Geschichte des Helle–
nismus,
t.
I I , p. 744 et
suiv.
(10)
Ma
Numismatique des Arabes avant l'islamisme,
p. 148 et suiv.
Fonds A.R.A.M