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DI SCOURS PRÉLIMINAIRE.
persécutés par Justinien, tels que Damascius le Syr i en, Simpbcius de Cilicie,
Eulamius de Phrygie, Prisçus de Lydie, Hermias et Diogène de Phénicie, Isidore
de Gaza ( i ) , etUranius de Syrie, admirateur d'Aristote, commençai de Ghosroès,
qui discuta si brillamment avec les Mages, et reçut une pension sur le trésor
royal (2). Chosroès passe pour avoir été le premier monarque perse qui encou–
ragea les traductions des livres grecs, et ce fut sous son règne que furent en–
treprises les versions des œuvres d'Aristote et de Platon (3). Si l'on s'en rapporte
au témoignage de Mohammed ben I saq , ce fut encore sous le règne de ce
même monarque, que les livres de médecine et de logique furent traduits ; et
c'est sur cette version que Abdullah ben Al-Mokaffa et d'autres entreprirent
leurs traductions arabes (4).
L a conquête de la Perse par les Arabes modifia pendant quelque temps les
habitudes religieuses des populations iraniennes, et ces dernières subirent pro–
fondément l'influence des conquérants musulmans. Les Perses, qui s'étaient
montrés passionnés pour les études grecques, les abandonnèrent, et ce ne fut
qu'après la chute de la domination arabe, que l'hellénisme reprit en Perse un
nouvel essor et arriva à une renaissance tout à fait extraordinaire. L a langue
nationale reprit également le dessus, et cette réaction énergique se manifesta
durant toute la période du gouvernement des Ghaznévides et des Seldjoukhi-
des. Sous Djélal-Eddin le seldjoukhide, on entreprit la traduction en persan
des écrits d'Euclide et de Ptolémée. Pendant le règne d'Houlagou , les études
astronomiques furent poussées activement; l'observatoire de Maragha fut fondé
et la direction en fut confiée à Naçer-Eddin, traducteur d'une partie des ou–
vrages de Ptolémée et commentateur des livres de morale d'Aristote et de
Platon (5).
Toutefois, les versions persanes des livres grecs ne furent pas faites directe–
ment sur les textes originaux, et il paraît démontré qu'elles furent entreprises sur
des traductions syriaques et arabes. Les Arabes, bien qu'ils aient été initiés à une
époque déjà ancienne, mais seulement sur quelques points restreints de leur ha
-
r
bitation, à la culture hellénique (6), se montrèrent plus tard très-hostiles à l'é–
tude du grec proprement dite, qu'ils ne connurent que par des traductions
syriaques et persanes (7). I l paraît même certain que très-peu de musulmans ont
su le grec, et les savants de l'islamisme qui pénétrèrent un peu avant dans la
connaissance de la littérature hellénique, se bornèrent à consulter les ouvrages
(1)
Agathias,
De imp. et reb. Justiniani,
liv. I I , ch. 30, 31.
(2)
Agathias,
op. cit.,
liv. I I , ch. 29, 32.
(3)
Agathias,
op. cit.,
liv. I I , ch. 28.
(4)
Wenrich,
op. cit.; passim.
(5)
Aboulpharadj,
Hist. dynast.,
p. 548 du texte arabe, et 338 de la vers. lat.
(6)
Droysen,
Geschichte des Hellenismus,
I I , 645, 731, 746. — Reinaud,
Géogr. d'Aboulféda,
introd. p. 382. — Renan, dans le
Bulletin archéol. franc.,
sept. 1856. — Le môme,
Hist. des lang.
sémit.,
p. 299-301,
(7) "
Renan,
De philos, peripat. apudSyros,
§ 8. — Le même,
Hist. des lang. sémit.,
p. 297-
298, 378-379.
Fonds A.R.A.M