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DI SCOURS PRÉLIMINAIRE.
ques, que les historiens grecs cités par Moïse de Khorène, et dont il nous a
même conservé des fragments dans son Histoire, ont été traduits autrefois dans
Tidiome arménien, et i l est bien plus naturel de supposer que cet écrivain,'qui
possédait à un si haut degré la connaissance de Tidiome hellénique, consulta
simplement les textes originaux. Toutefois, s i , dans l'état actuel de nos con–
naissances, i l nous est impossible de dire que les œuvres d'Hérodote, d'Aby-
dène, de Céphalion, de Paléphate, de Manéthon, de Jules l 'Afr i cain, etc., ont
existé jadis en arménien, nous pouvons affirmer, d'après le témoignage d'é–
crivains très-véridiques, qu'une version de Bérose se trouvait encore , au
douzième siècle, en possession des Arméniens(i), et aujourd'hui même, on
est sur l a trace d'unmanuscrit de Diodore de Sicile (en arménien), qu'un heu –
reux hasard aurait protégé, jusqu'à ce jour, contre les incendies et les r a –
vages dont la Transcaucasie à été le théâtre jusqu'à la fin du dix-huitième
siècle (2) .
A côté de la littérature arménienne se place une autre littérature qui a fait
également aux Grecs des emprunts considérables, je veux parler dé l a littérature
géorgienne. On croit généralement que la langue géorgienne, idiome indo - eu–
ropéen comme l'arménien, et qui a , avec ce dernier, des affinités très-appa–
rentes , ne possédait pas de littérature écrite avant l'invention des caractères
alphabétiques dont Mesrob gratifia les Géorgiens ( 3 ) . Cependant certaines per –
sonnes prétendent qu'il existait autrefois, chez les Ibères et les Col ches , une
littérature profane et païenne qui a entièrement disparu. Tout ce que l'on peut
dire, c'est que Ton n'en trouve pas la moindre trace dans les écrivains chré–
tiens des premiers siècles, et il est plus naturel de croire que ce fut par les A r –
méniens que les Géorgiens, comme aussi les Aghouank, furent initiés du même
coup à l a connaissance des lettres et de l a foi évangélique. On n'a également
que des données très-vagues sur le rôle que la langue grecque joua en Géorgie,
avant l'époque de l'introduction du christianisme dans cette, contrée de la
Transcaucasie. Le s colonies helléniques, échelonnées sur le rivage oriental de la
Mer Noire, n'-ont laissé comme témoignage de leur présence dans ces contrées,
que quelques rares médailles dont les légendes sont en caractères grecs ( 4 ) .
Ce furent des prêtres syriens, venus en Géorgie, pour assurer le triomphe
de la foi nouvelle, prêchée par sainte Nino ( 5 ) , qui donnèrent au peuple de
Karthlos ses premiers enseignements (6). On ignore l'époque précise à laquelle les
•
(1)
Samuel d'Ani,
Chronographie
(
ms. de la Bibl. imp. de Paris, anc. fonds, n° 96), fol. 1
verso,
3
verso
et 7
recto.
(2)
On comprend la réserve que m'impose la nouvelle d'une découverte aussi capitale. Si, comme je
l'espère, le manuscrit de Diodore peut être acquis ou copié par des Européens, la publication fera dans
le monde savant une véritable sensation.
(3)
Moïse de Khorène,
Hist. d'Ami.,
liv. I I I , ch. 54.
(4)
Mionnet,
Descript. des méd. grecques;
Colchide, Ibérie.
(5)
Moïse de Khorène,
Hist. d'Ami.,
liv. I I , ch. 86 et suiv. — Wakhtang,
Hist. de la Géorgie
,
trad.
de M. Brosset, t . I , p. 202 et suiv.
(6)
Brosset,
Hist. de la Géorgie,
1.1,
p. 202 et suiv., et
Addit.
V I , p. 125 et suiv.
Fonds A.R.A.M