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D I SCOURS PRÉLIMINAIRE.
ménie, Pétude du grec repr i t bientôt le dessus ; et le clergé na t i ona l , e n se plaçant
sous le patronage de l ' Eg l i s e de Cons t ant i nop l e et de l'évêque de Gésarée,
abandonna l es études s y r i enne s , pou r s ' adonne r de préférence a u x études
grecques. L e s prêtres s y r i ens qu i habitaient les couvents de l'Arménie, dur en t
céder l a place à des mo i ne s du p a y s , et l es supérieurs des couvent s , dont que l –
ques-uns étaient des s y r i e n s , furent remplacés p a r des évêques arméniens ( i ) . L a
réunion d u concile d'Ephèse paraît avoir été l a cause déterminante de l a réaction
qui s'opéra en Arménie contre les S y r i e n s . A ce mome n t , l e pa t r i a r che saint
Sahag et Mes rob reçurent des Pères qu i composa i ent cette assemblée, une B i b l e
en langue grecque qu i fut immédiatement t radu i t e , afin de cor r i ge r l es i mp e r –
fections de l a première ve r s i on faite s u r l e s y r i aque (2). Cette c i r cons t ance dé –
t e rmi na saint Saha g à envoy e r deux des disciples de Me s r o b à A l e x and r i e ,
pour apprendre l e g r e c (3) . A u cinquième siècle, le nomb r e des disciples dirigés
en E g y p t e , à Constantinople et à Athènes , s'accrut considérablement ( 4 ) , et
ce sont ces voyageurs qu i , rentrés dans l e u r patrie , jetèrent les fondements de
l a célèbre « E c o l e des interprètes ou traducteurs » , qu i br i l l a d ' un s i v i f éclat
j u s qu ' au c ommen c emen t du sixième siècle (5).
Du r a n t l'espace de vingt années, c'est-à-dire depuis l'adoption des caractères
alphabétiques, j us qu ' au mome n t de l a décadence de l ' emp i re des Ar s a c i de s et de
l'ingérance de plus en plus prépondérante de l a Pe r s e dans les affaires de l ' A r –
ménie, beaucoup de disciples se formèrent dans les écoles fondées dans toutes
lès provinces de ce r o y aume . L e s critiques arméniens divisent en deux classes
les disciples q u i , durant cette période, s'exercèrent au pénible l abeur des t r a –
ductions. L e s plus anc i ens sont désignés sous le n om de «premiers t raduc t eur s »,
et les élèves qu i travaillèrent sous l a d i rec t i on de ces d e r n i e r s , sont appelés
«
seconds traducteurs » . O n range dans l a première classe les disciples immédiats
de Sahag et de Me s r o b , qu i secondèrent les efforts de leurs maîtres dans l eur s
traductions. L e s ver s i ons de ces premi er s traducteurs se reconna i s sent à l'absence
de toute influence hellénique, c omme pa r exemp l e le Pent a t euque , les Ar gumen t s
des L i v r e s de l ' An c i e n T e s t ame n t , les E v a n g i l e s , quelques anc i ens chan t s d ' é –
glise, les cantiques des d i ma n c h e s , l es h ymn e s de Pâques et de l a Pentecôte.
L a seconde classe se composait des disciples des anc i ens t raduc t eur s , qu i furent
envoyés dans différentes villes de l a S y r i e , de l ' Eg yp t e et de l a Grèce , p o u r
compléter l eur i ns t ruc t i on .
P a r m i les pr emi e r s traducteurs dont l ' h i s t o i re nous a t ransmi s l es n o m s , i l
(1)
Cf. plus loin, Jean Mamigonien,
Contin. de Vhistoire de Daron, Mémorial;
adcalcem.
(2)
Grégoire le syrien,
Schol. du psaume XV.
Briani Waltoni,
in proleg. Bibl. polygl.
, (
Ed. Dali»),
p. 621.
(3)
Moïse de Khorène,
Hist. tPArm.,
liv. I I I , ch. 53.
Lazare de Pharbe,
Hist. d'Arm.,
p. 30-32. —
Gorioun,
Biogr. de Mesrob.
(4)
Moïse de Khorène,
op. cit.,
liv. I I I , ch. 54, 60
Gorioun,
Biogr. de Mesrob.
(5)
Sukias de Somal,
Quadro délie opère di vari aulori anticamente iradotte in
armeno.(Ven.
f
1825). —
Karékin,
Hist. de la littér. arm.,
p. 179 et suiv.
Fonds A.R.A.M