D I S COURS PRÉLIMINAIRE.
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pour amener les Israélites à adopter leur idiome, échouèrent complètement.
Le parti grec qui s'était formé à Jérusalem, à l'époque des Macchabées, dut
céder devant l'opiniâtre résistance du parti national
(
i ) .
I l semble cepen–
dant, que dans d'autres villes où s'étaient établies des communautés israélites,
comme à Césarée et à Scythopolis, l'hellénisme était en faveur chez les Juifs
qui faisaient usage de la version grecque des Ecritures ( 2 ) . Après la catastrophe
qui mit fin à l a synagogue de Jérusalem, l'antipathie des Juifs pour l'hellénisme
devint de plus en plus déclarée ( 3 ) . On frappa d'anathème quiconque appren–
drait les lettres grecques à son fils (4)i et il ne resta plus d'autres traces de
l'influence grecque et romaine en Judée, que quelques mots grecs et latins em–
ployés dans la langue de la Misclma et du Talmud (5). Contrairement à leurs
frères de la Palestine, les Juifs d'Egypte acceptèrent la langue et la culture
helléniques. Ce fut en effet à Alexandrie que fut entreprise la version des
Septante (6), et l'école des Juifs hellénistes qui florissait sur les rives du Ni l a
produit, outre les traducteurs des Livres-Saints, des hommes assez marquants,
comme Philon le jui f , pour qu'on ne puisse pas dire que les études grecques
trouvèrent une résistance invincible de la part du mieux doué de tous les
peuples sémitiques. Cependant, cette répulsion des Juifs de Jérusalem pour les
études grecques
explique pourquoi on ne trouve point dans la littérature
hébraïque de traductions des livres grecs. On ne peut en effet considérer comme
des traductions des ouvrages grecs, les rares versions faites sur des livres déjà
traduits par les Arabes sur des textes syriaques. Telles sont par exemple lés
traductions d'Aristote en hébreu, et quelques livres de médecine existant à la
bibliothèque du Vatican (7) et dans d'autres dépôts littéraires de l'Europe.
Les Arméniens furent initiés de bonne heure à la science hellénique par
les Syr iens , qui parvinrent même à l'introduire chez les Perses, et plus tard
chez les Arabes. Mais l'Arménie, qui était devenue chrétienne, subit bien plus
profondément que l'Iran, l'influence des Syriens, dont la langue joua , pendant
quelque temps, chez les populations de l 'Ararat , le rôle d'idiome sacré. E n
effet, lors de l'introduction du christianisme enArménie sous le règne de T i r i –
date , la grande majorité du clergé arménien se composait de prêtres syriens ( 8 ) ,
et les traductions arméniennes de la Bible et des principaux ouvrages ecclésias–
tiques furent d'abord composées sur le syriaque (9). Mais si l'idiome vulgaire
de l'Aramée parvint à supplanter, pendant quelque temps, l'hellénisme en A r -
(1)
Macchabées,II, ch. 3,4,5.
(2)
Renan,
Hist. des lang. sémit.,
p. 293.
(3)
Ernesli,
de Jud. odio adv. litt. grxc.
(4)
Talmud de Jérusalem,
Sota
21, 2.
(5)
Renan,
Hist. des lang. sémit.,
p. 295.
(6)
Renan,
Hist. des lang. sémit. ,
p. 168.
(7)
Wenrich,
op. cit.,
pg. 134,140 et suiv. p. 138.
(8)
Cf. plus loin Agathange,
Hist. de Tiridate,
p. 179. — Jean Mamigonien,
Contin. de VHist. de
Daron, Mémorial; ad calcem.—
Gorioun,
Biogr. de Mesrob.
(9)
Wenrich,
op. cit.,
p. 49 et suiv. — Quatremère,
Mém. sur les Nabatéens,
p. 139.
Fonds A.R.A.M