xx
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
le
Compendium
de la philosophie aristotélique de Nicolas
(
i ) ;
enfin le patriarche
Jacobite Athanase I I , auquel on doit une version des Homélies de Sévère, de
la Dialectique d'Aristote et de l'EfeaYWYiî de Porphyre (2).
L a littérature profane fut aussi l'objet de la préoccupation des traducteurs,
et elle fournit un contingent considérable à la littérature syriaque. Ains i , outre
les œuvres d'Aristote, les interprètes donnèrent des versions des livres d'Hip-
pocrate et de Galien (3). Cependant, les Nestoriens paraissent s'être adonnés de
préférence
à
ces traductions profanes, dont quelques-unes devaient servir elles-
mêmes à entreprendre d'autres versions, dans les langues parlées par les autres
chrétiens de l'Asie et par les musulmans.
Edesse, capitale d'une toparchie syrienne, et qui était peuplée de savants,
possédait de riches bibliothèques, d'importantes archives, et devint le centre des
études helléniques (4). C'est dans cette ville que furent entreprises, par les
lettrés réunis dans son école, les "premières traductions du grec en syriaque.
Vers le milieu du cinquième siècle, Cumas, Probus et Ibas donnèrent une
version des livres d'Aristote (5). Mais, à la fin du cinquième siècle, l'école
d'Edesse fut troublée par des querelles religieuses, et l'empereur Zenon
ferma l'école et chassa les savants (6). Les exilés nestoriens transportèrent
alors en Perse le goût des études, continuèrent à traduire des livres grecs dans
leur idiome maternel (7) et donnèrent une impulsion très-grande à l'école de
Nisibe et à celle de Gandischapour qui venait d'être fondée ( 8 ) .
Les Syriens chrétiens.avaient- déjà abandonné en partie la culture du grec,
que certaines villes .d'Orient, qui avaient reçu d'eux, quelques siècles aupara–
vant, la science hellénique, voyaient fleurir chez elles la littérature grecque,
dont elles conservèrent la tradition jusqu'en plein moyen âge. L a ville de Carrhes
(
Harran), par exemple, qui renfermait une population qui n'était ni chrétienne,
ni musulmane , possédait une école où l'hellénisme était fort en honneur. C'est
de cette école que sont sorties les nombreuses traductions d'ouvrages grecs en
syriaque qui furent entreprises au dixième siècle, et dont la tradition se con–
tinua jusqu'au douzième siècle (9).
Si des populations qui ne semblaient point appelées, par leur éloignement
ou par leurs croyances religieuses, à être envahies par l'hellénisme, subirent
son influence, d'autres, au contraire, qui furent en contact incessant avec les
Grecs, opposèrent une énergique résistance à l'esprit hellénique. Les Juifs de
la Palestine par exemple furent de ce nombre, et les tentatives des Séleucides,
(1)
Assemani,
t.
I I ,
p.
46,47;
t.
I ,
p.
468, 475.
(2)
Wenrich,
de auctorum grœcorum versionibus syr., arab., arm. persisque Comm.,
p.
126
et
suiv.
(3)
Wenrich,
op. cit.,
p.
95
et suiv.; 241 et suiv.
(4)
Moïse de Khorène,
Hist. d'Ami.,
liv. I I , ch. 35.
(5)
Ebed-Jesu,
Cat. llb. syr., apud Asseman. Bibl. orient,
t.
I I I , P. I ,
p.
85.
(6)
Assemani,
op. cit.,
t. I I , p. 402 et 376, t. I I I , P. I , P- 378.
(7)
Assemani,
op. cit.,
t. m,
P. I I ,
p.
938.
(8)
Schultz, dans les
Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg,
t. XIII,
p.
437.
(9)
Renan,
Hist des long, sémit,
p.
298.
Fonds A.R.A.M