HISTOIRE ANCIE1
put lutter avec le nombre considérable des
géants bien armés.
Lorsqu'Haïg et Bel se trouvèrent face à face ,
celui-ci voulut faire Haïg prisonnier de ses pro–
pres mains; mais celui-ci s'échappa de sa pré–
sence et prit la fuite. Alors Bel se mit à sa pour–
suite , accompagné de son écuyer.
Haïg s'arrêta et lui dit : « Pourquoi me pour–
suis-tu? Retourne dans ton pays, afin que tu ne
meures pas aujourd'hui de ma main, car ma flè–
che ne manque jamais son but. »
Bel lui repondit en ces termes : « Je ne veux
pas que tu tombes aux mains de mes jeunes
guerriers et que tu meures. Soumets-toi à mon
autorité, vis en paix dans ton domaine, et tu
seras placé à la tête des jeunes chasseurs de ma
maison. »
Haïg, répliquant à Be l , lui dit : « Tu es un
chien, de la meute des chiens, toi et ta troupe;
c'est pourquoi aujourd'hui je viderai mon car–
quois contre toi. » Le roi Titan, étant armé, se
fiait à son armure.
Haïg, descendant de Japhet, s'approcha de
l u i , tenant en main son arc, pareil à une énorme
massue de cèdre. I l s'arrêta et ajusta son arc
contre Bel.
Plaçant une flèche dans la courbe de son arc
immense, et la lançant avec force, il traverse la
cuirasse de fér, et, perçant son bouclier d'airain, i l
frappa si violemment l'idole de chair que la
flèche, passant d'outre en outre, s'enfonça dans
la terre. Le héros, qui se droyait dieu, roula à
terre. Quanta son armée, elle prit la fuite. S'élan-
çant alors à la poursuite des vaincus, les Haïciens
leur enlevèrent leurs troupeaux de chevaux, de
mulets et de chameaux ( i ) .
Haïg rentra dans son pays et posséda la terre
d'Ararat où i l s'établit avec sa race jusqu'à nos
jours. Avant de mourir, il laissa ses domaines en
apanage à Gatmos, son petit-fils, fils d'Arama-*
niak, et frère de Harma.
I l commanda à Aramaniak de se rendre au
côté du nord où i l s'était d'abord fixé. Après la
mort de Haïg, Aramaniak, prenant ses fils et ses
( 1 )
Le récit du Pseudo-Agathange est beaucoup plus ci r-
i
constancié que celui de Moïse de Khorêne-, qui paraît
avoir abrégé en cet endroit le livre de Mar Apas Câlina
(
Moïse de Khorêne,
Hist. d'Arm.,
liv. I, ch.
11).
On doit
croire que notre auteur a eu sous les yeux l'ouvrage ori–
ginal de l'annaliste syrien, à moins qu'on ne suppose, ce
qui est fort possible, que le Pseudo-Agathange, qui était
peut-être un écrivain postérieur à Moïse de Khorêne,
ait développé le texte de cet historien pour donner à
son récit un plus grand intérêt.
NE DE L'ARMÉNIE.
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filles, ses sept sœurs avec leurs maris, leurs fils
et leurs filles, ainsi que tous ses biens, s'en alla
et se fixa dans la première province qui fut ap–
pelée Hark en l'honneur de ses pères (i).
Ensuite Aramaniak, s'avançant vers le nord,
gagne une vallée profonde qui s'étend entre de
hautes montagnes, et à travers laquelle roule en
s'échappant un fleuve rapide. L'ayant traversé,
Aramaniak se fixe dans cette contrée monta–
gneuse et aride, et en fait son apanage hérédi–
taire.
Après Aramaniak, son fils Aramaïs se cons–
truit une habitation sur les bords du fleuve, et la
nomme de son nom Aramaïs. Ses enfants com–
mencèrent à se multiplier et à remplir la terre.
Ils fondèrent des provinces. Aramaïs mourut
et son fils Amasia occupa le pays. Après lui vint
Kégham. Après Kégham, son fils Harma gou–
verna ; après celui-ci vint son fils Aram
( 2 )
,
et
puis le fils de ce dernier Ara le Beau, qui donna
son nom à toute la plaine d'Ararat.
Sémiramis (Schamiram), femme du roi des As–
syriens Ninus, ayant entendu parler de sa beauté,
voulut faire amitié avec lui , pour trouver l'oc–
casion de satisfaire sa passion voluptueuse. Sa
renommée de beauté lui faisait désirer ardem–
ment de posséder le bel Ara et sa beauté.
I l n'y avait pas d'homme dans ce temps-là qui
lui fût comparable en beauté. Elle lui envoya
donc des ambassadeurs chargés de lui offrir des
présents, pour l'inviter à venir la trouver chez
elle à Ninive. Mais Ara dédaigna ses présents et
refusa de venir voir Sémiramis à Ninive. Alors
Sémiramis, ayant réuni ses troupes, marcha con–
tre lui, en Arménie. Dès qu'elle fut arrivée dans
la plaine d'Ara, elle lui livra un combat, défit
ses troupes, etfitpérir Ara dans la bataille.
Alors Sémiramis donna l'ordre de porter le
cadavre d'Ara sur la terrasse de son palais, et
dit : « Je vais commander aux dieux de lécher
ses plaies, et il ressuscitera. »
Mais, lorsque le cadavre commença à se décom–
poser sur la terrasse du palais, elle ordonna de
le jeter secrètement dans une fosse et de la com–
bler. Ensuite, faisant revêtir de magnifiques or–
nements un de ses favoris, beau de figure, elle fit
courir le bruit que les dieux avaient léché les
plaies d'Ara et l'avaient ranimé. L a reine Sémi–
ramis, de cette manière, le tenant enfermé et ne
(1)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Ami.,
liv. I, ch.
10
et 12, et plus haut, p. 16,19 et suiv.
(2)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Ami.,
liv. I , ch.
12,
et plus haut, p. 19 et suiv.
Fonds A.R.A.M