cinq rois arméniens et parthes. J ' a i trouvé cette
inscription chez les disciples de Marappas dans
l a Mésopotamie, et je veux vous l a faire con -
naître. E n vo i c i l a suscription :
Moi, le scribe Agathange, j ' a i tracé de ma ma i n
sur cette pierre les années des premiers rois d ' Ar –
ménie, d'après l'ordre du vaillant Ti r idat e (De r -
t a d ) , après les avoir relevées dans l a cour ^ a r –
chives) royale. T u verras plus bas, à sa p l ac e , l a
copie de cette inscription.
Je commencerai mon *"-cit par l'histoire du r o i
redoutable, de l'homme brave ; ce sera d'abord
l'histoire des anciens, afin de montrer d'où est
venue l'abondance des choses terrestres. Ensuite
j ' a j ou t e r a i , en les y greffant, les mythes des hé –
ros et les récits fabuleux des guerres insensées.
Lo r s que les douleurs qui suivirent l a construc–
tion de l a tour [ d e Babe l ] , pareilles à celles d'un
enfantement, amenèrent l a dispersion d'un peuple
nombreux dans le grand désert, dans les lieux
inaccessibles a u b r u i t , à cette époque T i t an ( D i -
dan ) , qui régna le premier sur l a t e r r e , déclara
l a guerre à tous ses compagnons ( i ) .
Be l le T i t a n , ne tenant aucun compte de sa
na ture , s'imaginait être supérieur au genre h u –
ma i n , dont i l convoitait l a domination entière.
C'est alors que Haïg, de la race de Japhet, ne vou –
lut pas se soumettre au r o i Be l et ne consentit
pas à le reconnaître pour son D i eu . Be l s'arma
contre Haïg, qu i le repoussa avec son ar c
(2).
Ce fut cet Haïg qui engendra son fils Arama -
niak à Babylone
(3).
Aramaniak fut père de p l u –
sieurs fils et de plusieurs filles; l'aîné fut A r a -
maïs. Aramaïs eut beaucoup de fils et de filles;
l'aîné fut Amasia. Amasia engendra beaucoup de
fils et de filles; l'aîné fut Kégham. Kégham engen–
dra beaucoup de fils et de filles ; l'aîné fut Ha rma .
H arma engendra beaucoup de fils et de filles;
l'aîné fut Ar a m. Ar am engendra beaucoup de fils
et de filles ; l'aîné fut A r a le Beau
( 4 ) .
Voilà les noms des premiers
hommes
f onda –
teurs de l a r a c e , nés à Baby l one , et qu i émi-
grèrent dans les contrées du N o r d , sur l a terre
d'Ararat/Haïg v int de Babylone avec sa femme,
ses enfants et tous ses biens. I l a r r i va et se fixa
(1)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Arménie
,
liv. I ,
ch. 10 et suiv., et plus haut, p. 16 et suiv.
(2)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Arm.,
liv. I , chap.
10
et 11, et plus haut, p. 16 et suiv.
(3)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d
y
Arm.>
liv. I , ch. 10,
et plus haut, p. 16 et suiv.
(4)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Arm.,
liv. I , ch. 5,
12
et 14 à l a fin; et plus haut, p. 20 et suiv.; enfin,
p. 25, à la fin.
sur les terres de l'Ararat, au pied de l a monta–
gne
( 1 ) ,
dans l a demeure que s'était bâtie autre–
fois Zérouan le père avec ses frères ( a ) .
Ensuite Haïg laissa cette possession en apanage
à son petit-fils Ga tmo s , fils d'Aramaniak. Quant
à l u i , il se r e t i r a , alla au nord et se fixa sur un
plateau élevé. Ce plateau reçut le nom de H a r k
(
pères) en l'honneur de ses ancêtres. De même ,
le pays reçut le nom de Haïg, ainsi que tous les
Haïciens (Arméniens) (3).
Haïg était doué d'une force puissante, beau
de visage, adroit à lancer les flèches et fort à l a
lutte ( 4 ) .
E n ce temps-là, Be l le T i t an régnait à Baby –
l one ; c'était un fort chasseur, magnifique, et
classé parmi les Di eux . I l était doué d'une force
colossale, et sa personne était d'une remarquable
beauté. I l était pr ince de tous les peuples disper–
sés sur l a surface de l a terre. Usant d'artifices
pour les tromper, leur dictant ses o r d r e s , et e n –
flammé d ' un orgueil insensé, i l dressa sa propre
image, et les força de l'adorer et de l u i offrir des
sacrifices comme à D i eu .
Aussitôt tous les peuples se soumirent à sa
puissance. Mais Haïg, un des patriarches de la
r a c e , refusa de l u i obéir, n'éleva pas l'image du
roi dans sa ma i s on , et ne l u i rendit pas les h o n –
neurs divins.
L e nom de cet homme était Haïg, et le r o i Be l
conçut contre l ui une haine implacable. L e r o i
B e l , rassemblant ses armées à Babylone, s'élança
sur Haïg afin de le tuer.
I l arriva dans le pays d ' Ar a r a t , dans le do–
maine qu i était l eur apanage héréditaire, élevé
au pied de la montagne. Gatmos s'enfuit à Ha r k ,
auprès de son père, et l'informa en ces termes :
«
L e ro i Be l a marché contre toi ; i l est parvenu
jusqu'à notre doma ine , et me voilà fuyant avec
ma femme et mes enfants. »
Haïg se fit alors accompagner de ses fils A r a –
maniak et Ga tmo s , de leurs enfants et des fils de
ses sept filles, guerriers vaillants quoique peu
nombreux.
Haïg se porta à l a rencontre du ro i Be l et ne
(1)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Arm.,
liv. I , ch. 10,
et plus haut, p. 16.
(2)
Cf. Moïse de Khorêne
(
Hist. d'Arm.,
liv. I , c h . 6),
qui raconte d'après la « Sibylle Bérosienne » la lutte que
Titan et Japhet soutinrent contre Zérouan qui voulait les
dominer.
(3)
Cf. Moïse de Khorêne, liv. I , ch . 10,12 et suiv.,
et plus haut, p. 16, 19 et suiv.
(4)
Cf. Moïse de Khorêne, liv. I , ch. 10, et plus haut,
p. 16.
Fonds A.R.A.M