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D I S COURS PRÉLIMINAIRE.
toutefois que lques exceptions à cette l o i générale, p a r exempl e Thèmislocle
qui étudia et par l a i t avec facilité l a l angue des P e r s e s
(
i ) .
A u con t r a i r e , l es
Or i ent aux ava i ent , comme de nos j o u r s , une aptitude toute spéciale pou r a p –
pr endr e l es i d i omes des peuples,étrangers, et i l s mon t r a i en t en par t i cu l i er
une grande prédilection pou r l'étude du grec . P e u de t emps après l a conquête
macédonienne, nous t rouvons Bérose à B a b y kme j Ménandre à T y r , Manéthon
en E g y p t e , c omp i l an t , d'après les document s o r i g i naux , les anna l es de l eur s
patries respectives. C' est donc u n fait significatif de vo i r , peu de t emps après
l e passage d ' Al exandre en O r i e n t , la langue grecque cultivée p a r des écrivains
d'origine b a r b a r e , et on che r che ra i t en v a i n un G r e c de ce temps-là qu i ait
composé des ouvrages en langue étrangère.
C e fut peu de t emps après l a conquête macédonienne qu e l'usage de l a l angue
grecque commença à se répandre en Or i en t . A par t i r du momen t où elle
fit
son
appar i t ion dans les contrées de l ' As i e et de l 'Af r ique , elle étouffa, pou r a i ns i
d i r e , duran t l'espace de s i x siècles, l e génie sémitique, qu i a b d i qu a , di t
M . R e n a n , son individualité, pour subi r l ' ascendant de l a Grèce. Ma i s , l or s de
L'apparition de l ' i s l ami sme , l'élément sémitique se réveilla tout à c o u p , et ses
développements furent tels, qu'à son tour i l éclipsa l'hellénisme et s'isola c o m –
plètement de toute influence indo-européenne. Cependant , à l ' except ion de l a
littérature a r a b e , toutes l es littératures de l ' As i e oc c i den t a l e , s y r i a qu e , armé–
n i e n n e , géorgienne, copt e , éthiopienne, por t ent l ' empre i nt e de l ' inf luence
grecque , devenue inséparable de l a re l i g ion chrétienne ( 2 ) .
C e furent l es Sy r i ens d'en-deçà de l ' Euph r a t e qu i sub i rent les p r emi e r s l ' a s –
cendant de l a Grèce. L e changement politique produ i t dans l'Aramée, p a r l'é–
tabl i ssement de l a dynastie des Sélèucides, amena également des modi f i cat ions
profondes dans le caractère des S y r i e n s , qui adoptèrent sans trop de difficultés-
l es coutumes et le langage des Gr e c s . Ceux de l a Mésopotamie résistèrent avec
p l us d'opiniâtreté, b i en que les études helléniques aient été souvent florissantes-
dans cette contrée.
Dès le cinquième siècle de notre ère, le s y r i aque , qu i était l a l angue pr opr e
de presque toutes les prov inces de l a S y r i e , fut à p e u près éclipsé p a r l e s études
helléniques qui pr i r en t un développement tout nouveau dans l a Mésopotamie ,
grâce à l'école d ' Ed e s s e , devenue l'asile des Nes tor i ens . Après l a des t ruc t i on
de cette célèbre école en 4 8 9 , ces études passèrent aux Jacobites et ne cessèrent
de produ i re entre l eur s ma i ns d'assez bon s résultats, pendant l es siècles qu i
sui v i rent ( 3 ) .
L a S y r i e fut , de toutes l es contrées de l ' As i e oc c i den t a l e , le pa y s où l a
langue grecque j e t a ses rac ines les plus profondes et exerça une ac t i on prédo–
mi nant e sur l es i d i omes parlés dans l'Aramée , et no t ammen t s u r l e s y r i aque .
(1)
Tbucydides,
Bell. Pelop.,
liv. I , ch. 138. — Cf. aussi Max Mûller,
Leçons sur la science du lan–
gage;
troisième leçon, p. 92 et suiv. de la première édit. de la trad. française.
(2)
Renan,
Hist. des lang. sémit.,
p. 292.
„ (3)
Renan,
Hist. des lang. sémit.,
p. 297.
Fonds A.R.A.M