D I SCOURS PRÉLIMINAIRE.
xv
faire une idée assez exacte du procédé que Mes rob emp l oya pour arr i ver à
doter son pays de l a découverte précieuse à laquelle son n om est resté a t –
taché.
Lo r s qu e Me s rob conçut le projet d'inventer un alphabet pour sa na t i on , i l
consulta d ' abord le pa t r i arche saint Sahag et l'engagea à convoquer une a s –
semblée dans l a ville de Va g h a r s c h a b a d , pour étudier l a quest ion. L e r o i
V r am- S c h a pouh , qu i assistait à l a réunion, ayant appris qu ' un évêque s y r i en , du
n om de D a n i e l , possédait u n anc i en alphabet arménien, envoya près de l u i
un prêtre, appelé A b e l , qu i rappor ta ces caractères avec l eur épellation. O n
suppose que cet a l phabe t , composé de 2 2 ou de 2 7 lettres ( 1 ) , servit de base
à Me s r o b , et c'est l u i qu ' on est convenu de désigner sous le n om de
daniêUen.
Ce t a l phabe t , ne remp l i ssant pas entièrement l e but qu ' on s'était proposé,
Me s r o b , d'après l ' ordre du r o i et du pa t r i ar che , alla trouver Dan i e l en Méso–
po t ami e , afin d' avoi r de l ui des renseignements p lus précis. Sa mi s s i on ayan t
échoué, Me s rob rev int un peu découragé en Arménie. S u r ces entrefaites, i l
apprit qu ' i l y avait à Ede s s e un savant, nommé P l a t o s , qui pourra i t l ' a ider dans
ses r eche r che s . Me s rob v i nt l e t rouver , et ne put obteni r de Pl a tos qu ' une lettre
de recommanda t i on pour le rhéteur Èpiphane, personnage très-versé dans l a
lecture et l a connai ssance des langues de l ' As i e . Un e nouve l l e déception a t t en–
dait encore Me s rob : Ep i p h a n e était mor t , et son di sc ipl e , Ru f i n , s'était retiré
dans l a so l i t ude , à Samps . Me s rob se mi t à l a recher che de ce derni er , ma i s
i l ne put t i rer de l u i aucun secours . C'est a l o r s , disent ses biographes et les
h i s t or i ens , que Me s r o b , désespéré de s on insuccès
f
s'adressa à D i e u , qu i l u i
envoya une vi s ion pendant laquelle i l aperçut une ma i n mi racu l euse traçant sur
l a p i erre les caractères de la langue arménienne. Me s rob se rend i t de nouveau
auprès de Ru f i n qu i donna aux l e t t res , révélées par D i e u à Me s r o b , des
formes gracieuses et élégantes. T e l est en résumé le récit de Go r f bun ( 2 ) . A
ces rense i gnement s , i l faut ajouter ce que raéonte.à ce sujet Moïse de K h o –
rène. L'Hérodote arménien, après avoi r parlé des tentatives infructueuses de
Me s r ob , dit que , pendant sa v i s i on , une ma i n di v ine traça sur l a p i erre les sept
voyelles de l ' a lphabet arménien ( 3 ) . Cette opinion est partagée aussi pa r A s s o -
ghig ( 4 ) et par Va r t a n ( 5 ) . Cette dernière c i rcons tance de l ' invent ion des voyelles
n'est pas c l a i rement expliquée par Go r i oun et L a z a r e de Pha r b e ( 6 ) ; cependant
Go r i oun laisse supposer que les Arméniens possédaient, b i e n avant l a décou–
verte de Me s r o b , des caractères qu i l eur étaient propres (ce sont v r a i s emb l a –
blement ceux qu ' on appelle
daniéliens),
et qu ' on avait abandonnés depuis l ong -
(1)
Assoghig,
Hist. univ.
(
en arm.). Paris, 1859, p. 75.
—
Vartan,
Hist. univ.,
p. 51 et suiv. —
Vartan,
Explic. des passages de l'Écriture sainte
(
ms. de la Bibl. imp.; anc. fonds ann., n° 12), et
Journal asiatique
(
février-mars 1867), p . 200.
(2)
Gorioun,
Biographie de Mesrob.
(3)
Moïse de Khorène,
Hist. d'Ami.,
l i v .
I I I ,
ch. 53.
(4)
Histoire universelle,
p. 75.
(5)
Histoire universelle,
p . 51 et suiv. —
Journal
asial.
(
février et mars 1867), p . 200.
(6)
Histoire d'Arménie
(
en arm.); Venise, 1793, p. 8. *
Fonds A.R.A.M