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A G A T H A N G E .
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§ 89.] Durant six jours, le roi fut plongé dans
le deuil et dans une sombre tristesse, par suite de
son amour passionné pour la beauté de Hripsimè ;
puis i l prit la résolution d'aller chasser dans la
plaine de Paragan Nechamag(?) (1). I l fixa l'heure
et commanda à sa garde de prendre des rets, des
cordes, des lacets, et beaucoup de pièges. Le roi,
monté sur son char, était sur le point de sortir de
la ville, quand le châtiment du Seigneur s'appe–
santit sur lui. Un démon immonde s'empara du
roi et le renversa à terre de son char. Aussitôt il
entra dans une grande fureur, et il s'arrachait les
chairs. Semblable à Nabuchodonosor, roi des
(1)
Le nomde cet endroit est altéré dans tous les ma–
nuscrits,
Paragon Nechamag, THechemag, Ichemag,
Chemag, Emag
(
Agathange,
texte armén.,
p. 662).
(2)
Daniel, IV, 12, 13.
(3)
Le roi Tiridate était vraisemblablement atteint de
lycanthropie,
espèce particulière d'aliénation mentale et
de délire mélancolique, dans les accès duquel les ma–
lades s'imaginent être changés en loup ou en toute autre
espèce d'animal sauvage, hurlent comme les fauves, fuient
le jour la compagnie des hommes et courent la nuit à
Babyloniens
(2),
n'ayant plus rien d'humain, il prit
la forme des sangliers et habitait avec eux. Puis,
étant entré dans un lieu couvert de roseaux, il
paissait l'herbe comme une brute, et il se roulait
complètement nu dans les champs. Cependant,
comme on voulait le retenir dans la ville, on ne
put y parvenir, d'abord à cause de sa vigueur
naturelle, ensuite par la force des démons qui
s'étaient emparés de tout son être (3). Les habi–
tants de la ville, également possédés du démon,
devenaient furieux, et une infinité de malheurs
fondait sur tout le pays. Toute la famille royale,
serviteurs et ministres, étaient frappés de sem–
blables châtiments, et un deuil immense était ré–
pandu en tous lieux.
travers les champs. On donne aussi le nom de lycan–
thropie à une maladie de l'âme qui rend sauvage et mi–
santhrope l'homme qui en est atteint. J.-J. Rousseau fut
une' des victimes de cette touchante folie, qui diffère
complètement de la maladie dont fut atteint le roi Tiri–
date. — Les anciens parlent souvent dans leurs récits de
la lycanthropie. On se rappelle à ce sujet le récit de
Nicéros, au banquet de Trimalchion (Pétrone,
Satyricon,
ch. LXII, p. 92 et suiv., éd. H. de Guérie).
C A P U T
O C T A V U M .
Pœna divinitus inflicta régi Teredati. Sanctus Gregorius e carcere autputeo eductus, regem Ar-
menosque docere incipit.
§ 89. 'Eirel oOv êlj •Jjp.epaç Sieu.eivev {SaôuTaTYj
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OTpocpYj iraffYi TYJ xwpa i7cécp6aoev.Oi Sè TOU |$ao"iXéwç
oïxeîot, SouXot Te xal u7r»jpéTai, waau-cwç iràvTeç ôuiou
Ttu.wptatç 7roXXaïç IxoXaÇovTO.
§ 89. Rex autem, postquam sex diebus profundissima
detentus manserat tristitia ex desiderio pulchritudinis
Ripsimes, deinde vomit exire ad venationem cum agmine
suo : cumque pedites linapararent, et discessuri essent
ad venationem in campum, dictum 3>apaxâvY)ç ê'xâxwv, rex
currum suum ascendit, sedensque exivit urbe. Protinus
autem castigatio, immissa a Deo, regem in curru per-
cutit, spiritus immundus, ipsumque dejicit in terram.
Gœpit porro furere et carnes proprias comedere : quin
etiam, veluti Nabuchodonosor rex Babylonis, ab bumana
natura ad formam aprorum dejectus est, et cum ipsis
habitabat in arundinetis, plaheque nudus pertransibat
campum. Neque enim comprehendere eum poterant, qui
ex urbe id volebant, propter naturale robur, quo prae-
stabat, et propter furorem daemonum, qui eum inhabi
tabant. Verum et homines plurimi ex iis, qui habitabant
in urbe, eodem modo correpti a dœmonibus furebant,
horrendaque subversio toti contigit regioni. Familiares
vero régis, servique et ministri, eodem modo omnes
simul multis castigabantur suppliciis.
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Fonds A.R.A.M