H I S TO I R E DU RÈGNE D E T I R I D A T E .
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[
S 7$*] E t i l fit venir la bienheureuse Gaïanè, et
après lui avoir fait mettre un carcan de bois au
cou , il la fit amener à la porte de la chambre.
Lui-même y rentra et ordonna à ses serviteurs
de forcer l'inflexible Gaïanè de dire à Hripsimè :
«
Accomplis la volonté du ro i , tu Vivras et nous
vivrons aussi. » Gaïanè consentit à parler à sa
compagne, et, s'étant approchée de la porte, elle
dit à Hripsimè qui était dans la chambre : « Ma
fille, que-le Christ t'épargne une. pareille honte
et vienne à ton secours; qu'il ne soit jamais vrai,
ma fille, que tu renonces à l'héritage de la vie
éternelle de Dieu, pour une vie fugitive qui
n'est rien, qui est aujourd'hui et qui demain
n'existe'plus. » Lorsqu'on entendit quels con–
seils elle lui donnait, on prit des pierres et on
l'en frappa sur la bouche, de manière à lui bri–
ser les dents , pour la forcer de dire à Hripsimè
de faire la volonté du roi. Mais elle l'encourageait
encore davantage, en lui disant : « Prends
courage,
»
[
§ 80.] Sainte Gaïanè dit toutes ces choses en
langue romaine (latine) à sa fille, lorsqu'elle était
à la porte de la chambre, et durant que le roi
luttait avec sainte Hripsimè. Mais, parmi les
serviteurs du r o i , il s'en trouvait quelques-uns
qui comprirent ce discours prononcé dans le
langage des Romains. Or, quand ils surent ce que
Gaïanè disait à sa compagne, ils l'arrachèrent de
la porte ; car, bien qu'ils la frappaient cruellement,
qu'ils lui hachaient le visage avec une pierre, de
manière à lui casser les dents, qu'ils lui brisaient
la mâchoire, elle ne changea pas de langage,
ne dit pas autre chose à la jeune fille, mais elle
répéta ce qu'elle avait commencé à formuler devant
eux. Hripsimè lutta de nouveau avec le roi de–
puis la dixième heure jusqu'à la première veille
de la nuit, et elle resta triomphante. L a jeune fille
était fortifiée par l'Esprit-Saint en luttant contre
le roi ; elle le repoussait, elle le domptait, jusqu'à
ce qu'enfin, fatigué et languissant, elle le terrassa.
Elle lui enleva et lui déchira ses vêtements, elle
§ 78. Kai exsXeuffev EVEyxEiv TYJV u,axapiWTaTY)V
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uirrjpéTatç àvayxdto'at TYJV Tatav^v EÎTCEÏV rcpbç T^JV
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i*a|A£vr) oûv XaXrjaai auTÎj, 7rpoffYjX6£V TY| TOU XOITW–
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§ 80. Taûra ouv 7ravTa iXaXet Y) àyia Tatav)) EV
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ôSoïïaiv xal Taïç oùXatç 0"uvÉTpu|*av àXX' ô'u.wç aûrJj
oux YjXXaÇev TOUÇ Xdyouç, TOU XaXvjaou àXXwç irpbç
TYJV Tcapôevov, aXXà xaOwç YjpÇaxo, TOÏÇ aÙTOtç 7rpoo"—
£0Y)XEV. 'Eu-av^caTO oûv ETI U.ÊT' auTÎjç a7rb TYJÇ Se-
xaTYjç wpaç è'wç puaç cpuXaxîjç TYJÇ vuxtoç.
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è^ulev xbv paaiXIa, ÔAiywpr,aavTa xal êxXuQèvTa,
MAR APAS CATINA.
§ 78. Jussit vero adduci beatissimam Gaianam, et
lignum ex collo ejus suspendi, et ad januas cubiculi eam
constitui. Ipse autem iterum intrabat ad sanctam, dato
ministris mandato cogendi Gaianam, ut ex janua ad
sanctam Ripsimiam diceret, ut régis voluntati obseque-
retur, quo et tu et nos vivere possimus, inquit. Itaque,
cum recepisset ipsam alloqui, appropinquavit januas
cubiculi, et dicit : « Filia, custodiat te Christus ab hac
contaminatione, et tibi dentur vires. Filia mea, nequa-
quam contingat, ut excidasab hereditate, ettemporalia
desideres, quae nibil hodie sunt, et cras intereunt. »
?
Quando ergo proferebat admonitionem ei factam, lapi-
dibus contundendo ejus os, dentés ejus frangebant, co-
gebantque ipsam loqui secundum voluntatem régis. ïlla
vero magis confirmans, dicebat : « Viriliter âge
»
§ 80. Hœc omnia dicebat sancta Gaiana ex janua
cubiculi h'ngua romana, adhuc rege pugnante cum sancta
Ripsime. At ex ministris régis erant nonnulli, qui intcl-
ligebant sermonem Romanorum : et ubi hœc omnia, quae
sancta Gaiana loquebatur ad puellam, audiverant, eam
amoverant a porta. Licet enim fréquenter faciem ejus
lapidibus percutèrent, et os ejus cum dentibus et gengi-
vis comminuissent, illa tamen non mutabat sermones
ut alio modo loqueretur cum virgine : sed sicut cœperat,
sic et prosequebatur. Rex ergo adhuc cum sancta pu-
gnabat ab hora décima, usque ad primam noctis vigiliam :
et roborata puella a Spirilu sancto dejecit regem vix
spirantem et delicientem, nudum pallioque suoet veste
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Fonds A.R.A.M