H I S T O I R E D U R È G N E D E T I R I D A T E .
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une épouse ; or, des peintres allèrent dans toutes
les parties de son empire, pour retracer exacte–
ment sur des tableaux la beauté du sujet, les
charmes du visage, les yeux grands et noirs, le
teint de la peau, afin d'exposer ensuite au roi
.
ces images agréables à sa vue. En ce temps-là
aussi, il y avait dans la ville des Romains un
monastère de vierges solitaires , mortifiées, qui
(1)
L'histoire des saintes Hripsimiennes ou Ripsimcs,
nom générique que les Latins donnent aux compagnes de
Hripsimè, se trouve racontée tout au long dans le Pané–
gyrique de sainte Hripsimè, dont Fauteur est Moïse de
Khorène
(
Œuvres complètes
,
Venise, 1843, pag. 297),
par S. Nersès Schnorhali, dans ses poésies sacrées (
Œu–
vres compl.,
Venise, 1830, pag. 468, 469, 472, 475,
520 ),
dans le livre des Hymnes, ou
Charagan, passim,
et dans les « Vies des saints arméniens » (8 et 6 octob.).
Les Mékhitaristes ont donné à la fin de leur traduction
d'Agathange en italien
(
append.
2)
plusieurs hymnes
du patriarche Gomidas et de S. Nersès Schnorhali en
l'honneur des saintes Hripsimiennes, traduites en vers ita–
liens par M. Luigi Carrer (pag. 209 et suiv.). — Cf. aussi
les Vies des saints grecs ( 29 sept.) et latins ( 30 du même
mois). — Malgré tout le respect dû à la tradition con–
cernant les saintes Hripsimiennes, je ne puis m'empêcher
de comparer ce que racontent Agathange, les hagio-
graphes et les panégyristes, au sujet de ces martyres, avec
un événement historique-contemporain rapporté par La-
ctance (
de Mort, persec, ch.
15, 39,40,41, 50
et 51),
et quimeparaît avoir servi de texte à la légende du voyage
et du martyre en Arménie de sainte Hripsimè et de ses
compagnes. Dioctétien avait eu de Prisca, sa femme, une
fille appelée Valéria qui épousa Galère. Ce dernier, en
mourant, recommanda à Licinius sa femme et un fils
Candidianus qu'il avait eu d'une concubine. Licinius ne
se vit pas plutôt maître du sort de Valéria, qu'il lui pro–
posa de l'épouser ; mais cette princesse refusa et chercha
un refuge auprès de Maximien qui voulut également la
prendre pour épouse. Valéria repoussa cette proposition,
et elle fut dès lots en butte aux plus injustes persécutions ;
ses biens furent confisqués, son entourage périt dans de
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TTiaTewç, at VUXTOÇ xal •fju.epaç xal ev -jxavTt xatpw
So^oXoytaç xal uu.vouç xal TeXetaç eù^àç TCO @ew etç
TOV oùpavbv àva7cepi.7rouuai oùx eixauovxQ. 'Ovou-axa
Se *ov auxaïç xauxa • TYJÇ u.ev *3xpwxr,ç Tatavr,, xal
TT)Ç UTC' aùx9)ç àvaxpacpetar,ç 'Pt<|uu.ia ex xou paatXtxou
xal 6eooe6ouç y^ouç oucv-ç. Haav Se xal aXXai ouv
auxaïç TrXeîoxat.
ne vivaient que de légumes. C'étaient des chré–
tiennes chastes, pures, saintes et fidèles, qui, le
jour et la nuit, à toute heure, étaient dignes d'a–
dresser au ciel une sainte prière, des louanges et
des actions de grâces. L a supérieure s'appelait
Gaïané, et une de ses disciples avait nom Hri–
psimè*, elle était fille d'un homme de race
royale, et pieux ( i ) .
cruelles tortures, et elle-même fut traînée d'exil en exil.
Une vieille femme, amie de Valéria, une vestale et la
femme, d'un sénateur; accusées injustement d'avoir en–
gagé Valéria -à repousser Maximien, furent mises à
mort, parce qu'elles avaient contrarié l'amour de ce
prince. Valéria, reléguée dans les déserts de la Syrie,
trouva le moyen d'instruire son père Dioclétien de ses
malheurs. Ce prince, retiré à Salone, demanda à Maxi–
mien 'de lui rendre safille; mais il ne put fléchir la co–
lère de l'empereur et mourut de chagrin. Valéria cher–
cha alors à se dérober aux poursuites continuelles dont
elle était l'objet de la part de Maximien. Pendant quinze
mois elle erra déguisée, mais elle finit par être arrêtée
en 315, avec sa mère, à Thessalonique. Licinius les con–
damna toutes deux à mort, et elles furent exécutées.
Quelques auteurs ont prétendu que Valéria et sa mère
étaient chrétiennes, et que Dioclétien les avait contraintes
à offrir de l'encens aux idoles. La vie si accidentée de ces
deux femmes, leur supplice, leur mort, offrent de telles
analogies avec le récit d'Agathange qui dit que Hripsimè
était d'origine royale, que je suis* disposé à croire que
ce que raconte le secrétaire de Tiridate des saintes Hrip–
simiennes, a peut-être son origine dans l'histoire des
aventures malheureuses de Valéria, de Prisca et des
femmes de leur suite, qui furent victimes de l'amour
insensé de Maximien. Je signale ce rapprochement, sans
rien conclure de positif; peut-être l'attention sera-t-elle
appelée sur ce point historique qui mérite d'être examiné
avec soin. — Cf. sur la vie et les aventures de Valéria
et de Prisca, Lebeau,
Hist. du Bas-Empire
(
éd. St-
Martin), 1.1, pag. 144 et suiv., et pour plus de détails
l'ouvragemême de Lactance, auquel ce récit a été em–
prunté par le savant historien français.
que per totam ejus dominationem missi circumibant
pictores varii generis, nempe qui similitudinem norant
exhibere, qui ipsam docti erant repraesentare imaginem,
qui accurata in pingendo prœstabant diligentia, qui or-
namenta norant addere, et qui staturam raetiri, ut ocu-
lorum pulchritudinem, nigrumque superciliorum orna-
tum in tabulis ad vivum reprœsentantes, per colorum
elegantiam exhibèrent imaginem régi placitam. Cum
itaque advenissent, in civitate Romanorum inveniunt mo-
nasterium viventium in quiete et in perpétua virginitate,
quse in locis solitariis ad victum solis utebantur legumi–
nibus, erantque mulieres honestae, prudentes, sanctse,
fide christianae, quœ noctu dieque et omni tempore
laudes et hymnos, precesque perfectas in cœlum ad
Deum transmittere non cessabant. Nomiha vero illis haec
erant : prima dicebatur Gaiana ; altéra quœ ab ipsa cnu-
triebatur, etexregioet christiano erat génère, Ripsimia :
erant et alias cum his plurimœ.
Fonds A.R.A.M