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DI SCOURS PRÉLIMINAIRE.
prennent la forme de compositions purement hagiographiques, où l a légende
occupe l a plus grande place. Te l s sont , par exempl e , les biographies du r o i
Tiridate et de saint Grégoire par Agathange ( i ) , les récits des premiers
triomphes de la foi chrétienne en Arménie pa r Zénob de Gl ag (2), et l'histoire
de la prédication de l'apôtre Thaddée, à Ed e s s e , qui nous est parvenue sous
le nom de Léroubna (3) .
L a découverte, ou plutôt l a mise en usage des caractères alphabétiques a r –
méniens par Me s r ob , dès les premières années du cinquième siècle, n'apporta
que des modifications peu sensibles au système adopté par les premiers écri–
vains chrétiens de l'Arménie. Cependant, on doit observer que l es historiens
du cinquième siècle, et notamment Moïse de Khorène, Lazare de Pha r b e et
Elisée (4)> font exception à cette règle. O n trouve dans leurs écrits des traces
irrécusables d'une culture nationale antérieure, et c'est grâce à eux et à l eur
école, profondément imbue des idées grecques, fort en honneur de l eur temps
en Arménie, que nous devons l a conservation des plus vieilles traditions du
pays.
Après avoir subi une sorte d'éclipsé durant plusieurs siècles, la littérature
arménienne reparaît sous un j our tout à fait neuf au quatrième siècle de notre
ère. L e nouvel alphabet dont Mesrob dota son pa y s , contribua puissamment à
la renaissance des lettres, car presque aussitôt sa mise en pratique, les Armé –
niens , qui se servaient pour écrire leur langue de caractères perses , syriaques
et grecs (5), virent s'ouvrir une. ère toute nouvelle pour l eur littérature. L a
langue nationale, formée depuis longtemps déjà, atteignit, pendant toute l a
durée du cinquième siècle, son plus haut degré de-prospérité.
Toutefois, i l ne faudrait pas croire que les écrivains que les Arméniens r e –
vendiquent avant le quatrième siècle et même à une époque postérieure, comme
leurs compatriotes, appartenaient à leur nation. C'étaient pour l a plupart des
Syriens et des Gr e c s , dont les œuvres, traduites de bonne heure dans l'idiome
national, forment l'ensemble des sources auxquelles puisèrent les annalistes
arméniens pour écrire l'histoire de leur pays. Ce sentiment d ' un patriotisme
exagéré, qui a fait considérer les Syr i ens Mar Apas Catina ( 6 ) , Bardesane d ' E -
(1)
Cf. plus loin,
VHistoire de Tiridate,
par Agathange, traduite pour la première fois en français
sur le texte arménien, et accompagnéedela version grecque, p. 105 et suiv.
(2)
Cf. plus loin,
YHistoire de Daron,
p. 333 et suiv.
(3)
Cf. plus loin, la
Lettre d'Abgar,
p. 313 et suiv., traduite pour la première fois en français sur le
texte arménien inédit (ms. n° 88, anc. fonds arm.) de la Biblioth. imp. de Paris.
(4)
Nous publierons, dans le second volume de cette Collection, les œuvres historiques de ces trois
écrivains célèbres.
(5)
Diodore de Sicile, liv. XIX, § 13.
—
Polyen, liv. IV, ch. 8, § 3.
—
Zénob de Glag,
Histoire de
Daron
(
en arm.), p. 27 et suiv. — Lazare de Pharbe,
Hist. d'Ami,
(
en arm.), p. 27.
—
Gorioun,
Biogr.
de S. Mesrob, p. 9 Moïse de Khorène,
Hist. d'Arm.,
liv. I I I , ch. 54. — Cf. aussi les légendes des
médailles arméniennes arsacides, dans notre
Numismatique de l'Arménie dans l'antiquité,
p. 23 et
suiv.
(6)
Cf. plus loin, les fragments d'une
Histoire ancienne de VArménie,
par Mar Apas Catina, re–
cueillis par Moïse de Khorène, p. 1 et suiv.
Fonds A.R.A.M