A G A T H A N G E .
HISTOIRE DE TIRIDATE LE GRAND ET DE LA PRÉDICATION DE SAINT GRÉGOIRE LTLLUMINATEUR.
[
Traduction de Varménien. ]
C H A P I T R E I (1).
Lorsque (a) le royaume des Parthes penchait
vers sa ruine, Ardaschir, fils de Sassan (3), satrape
de la province de Sdahr (4), tua Artaban ( Arda-
van), fils de Vologèse (VagharschJ (5), et lui ravit
le pouvoir. Puis il attira dans son parti les armées
perses, qui abandonnèrent et repoussèrent avec
(1)
Vers l'époque de la naissance du Christ, la famille
des Arsacides qui régnait en Perse se divisait en quatre
branches -. Arschavirou Phraate IV (Moïse de Khorène,
liv. II, ch. 28.
—
Richter,
Hist. Krit. Versuch....
pag. 78.
—
Saint-Martin,
Fragm. d'une hist. des Arsacides,
t. I I , pag. 370) avait laissé troisfils: Ardaschès, Garên,
Sourên, et une fille, Koschm, mariée à Aspahabéd, gé–
néralissime des armées de l'Iran. Ardaschès ou Artaban
III (Richter,
op. cit.,
pag. 106) monta sur le trône-, mais
ses frères et sa sœur ne le reconnurent pas et se révol–
tèrent. L'arrivée en Perse d'Abgar d'Édesse apaisa pour
un temps la discorde dans la maison royale. Il fut décidé
en conseil qu'Ardaschès régnerait à titre héréditaire,
que les frères et la postérité de sa sœur prendraient le
nom de
Pahlav,
nom générique des Arsacides de Perse,
qu'ils occuperaient le premier rang entre tous les sei–
gneurs perses, et qu'en cas d'extinction de la famille
d'Ardaschès, ils régneraient dans l'ordre suivant : d'a–
bord la famille de Garên-Pahlav, et, si celle-ci venait à
s'éteindre, les familles Sourên-Pahlav et Aspahabed-
Pahlav. Cet arrangement calma pour quelque temps les
partis hostiles; toutefois les dissensions intestines ne
s'éteignirent qu'à la chute même de la dynastie partue.
Les membres de la branche Garên-Pahlav, comme les
plusprocheshéritiers, soutenaient mollement le gouverne–
ment; mais les deux autres branches, qui avaient peu
d'espoir d'arriver au trône, créaient constamment des
embarras à la branche aînée et se rangeaient du côté de
ses ennemis. Ces rapports hostiles ne contribuèrent pas
peu à l'affaiblissement des Parthes dans les derniers
temps, et les Romains en profitèrent plus d'une fois
pour soutenir leurs ennemis ( Patcanian,
Essai d'une
histoire de la dynastie des Sassanides,
pag. 18-19 de
la trad. franc.). Ces complications expliquent la suite des
\
événements que raconte Agathange.
(2)
Le texte arménien d'Agathange .commence seule -
PctGiXeiqc 'ApTtxaipa •/) (add. T5J) TOU
oïxelov npoauy-
YEVOUÇ, E7r£iS^irgp II-SXEITCOV xpo'voi T5)<; TWV nàpôwv
PaaiXfiiaç, xal 7rEpiexpaT£ÏTO T) TOU 'ApTaëavoo utou
mépris la souveraineté des Parthes, et ils choisi–
rent d'un commun accord Ardaschir, fils de Sas–
san, pour leur souverain. Chosroès (Khosrov) (6),
roi des Arméniens , apprit la nouvelle de la mort
d'Artaban (7). Chosroès occupait le deuxième rang
dans la monarchie perse (car le roi d'Arménie
était considéré comme le second) (8) . Bien qu'il
eut connu sans tarder cette nouvelle, il ne put
ment ici et offre, comme on le verra, des différences assez
sensibles avec le texte grec qui en est la traduction.
(3)
Ardschir n'était pas le frère de Chosroès comme l'a–
vancent Procope et Zénob de Glag, d'accord en cela avec
le texte grec d'Agathange. Ces deux princes étaient sim–
plement alliés ( Oukhthannès d'Édesse, ms. de la Bibl.
imp., nouv. fonds arm., n° 47, pag. 67). Moïse de Khorène
et Dion Cassius ne parlent pas de la parenté d'Artaban
et de Chosroès.
(4)
La province de Sdahr est la
Persépolis
des Grecs et
des Latins; Istakhar, selon Saint-Martin (
Mém. sur
TArm., t.
I I , pag. 469, note 117). Le nom de l'ancienne
capitale de la Perse était aussi l'appellation particulière
de la province où elle était située. Moïse de Khorène (liv.
II, ch. 69 ) dit que . Sdahr, qu'il orthographie aussi
Sdahr,
était la patrie d'Ardschir. Le géographe Vartan
dit que Sdahr était renommée par ses belles étoffes de
soie (Saint-Martin,
Mém. sur FArm.,
t. II, pag. 438-439).
(5)
Moïse de Khorène ( liv. II. ch. 69 ) donne à Volo–
gèse le nom de Vagharsch et lui accorde 50 ans de règne.
Zénob de Glag (pag. 20 de l'édit. arm. de Venise et p. 25
delà trad. fr.) dit également que le père d'Artaban s'ap–
pelait Vagharsch.
(6)
Le texte grec porte seulement X6ç pour
Xoap6\ç.
Plus loin le nom de Chosroès est écrit constamment
Xouaàpwv. Il s'agit ici de Khosrov le Grand, que les Grecs
et lesLatins appellent Chosroès, roi arsacide d'Arménie,
qui régna de l'an 198 ou 214 à 259 de J.-C. (Cf. Sainl-
Martin,
Mém. suri Arm.,
1.1,
pag. 412.
—
Tchamitch,
Hist. d'Arm.,
t. HI, pag. 46-48).
(7)
Cf. Moïse de Khorène,
Hist. d'Ami.,
liv. II, ch. 19.
(8)
Voir pour les détails de la lutte entre l'Arménie et
la Perse: Zénob de Glag,
Hist. de Baron,
pag. 20 et
suiv. du texte etpag. 25 et suiv. de la trad. franc. —Moïse
de Khorène,
Hist. d'Arm.,
liv. I I , ch. 69, 71 à73. —
Cf. aussi Patcanian,
Essai...,
pag. 18, 41 et suiv.
cum eis ex eodem sanguine ortum ducebat, quandoqui-
dem citissime defecerunt tempora Parthorum regni, et
superata est potentia Artabanis,filiiValerii (1), occisi ab
(
i)Ilyaici une altération évidente dans le texte grec . harsch ou Vologèse IV qui, nous l'avons dit dans une
a Agatnange. Le nom de OùaXépio; cache celui de Vag- I note précédente, était père d'Artaban V.
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Fonds A.R.A.M