H I STO I RE DU RÉGNE D E T I R I DA T E .
le plus besoin, puisqu'ils ouvrent à tous les portes
de la miséricorde de J . -C . E t pour cela, ils a i –
mèrent leur Seigneur, et ils furent aimés de lui ;
ils intercèdent et ils obtiennent pour tous les
faveurs dont ils ont besoin. C'est par leur entre–
mise que Dieu accorde de telles paroles et une
si grande prospérité, non-seulement aux âmes,
mais encore aux corps, pour que la divine m i –
séricorde descende sur eux et distribue au monde
une indulgente piété. Pour cela, naviguant sur
la mer orageuse du monde pécheur, ils surmon–
tèrent le danger, combattirent contre les flots et
arrivèrent au port tranquille du céleste nocher.
Us offrirent une couronne de gloire au roi de la
lumière, à l'abri des orages du ma l , aussitôt qu'ils
furent parvenus à la c i t é , prêts pour la joie
étemelle, ornés de pierres précieuses et cou–
ronnés de perles d'une splendeur spirituelle;
après qu'ils eurent abandonné leur propre vfe à
ceux qui les martyrisaient, pour se procurer la
richesse qui ne passe pas ; portant hautement, so–
lidement et entièrement la prospérité humaine
sur le navire de la foi.
E t quel prix pourrait égaler une telle récomr
pense?Un seul pourrait l'égaler d'une manière
parfaite : la volonté du cœur, en se confiant avec
foi et amour aux oracles. Aussitôt la brillante et
précieuse perle, attachée à la bonne volonté, y
restera fixée comme un joyau. Baisse la tête, et
tu auras sur-le-champ une couronne spirituelle
qui t'ornera beaucoup plus que des pierres pr é –
cieuses. Aspire au banquet royal , et tu goûteras
aussitôt la saveur des mets. Aie seulement soif
d'amour, et la source de vie te désaltérera entiè–
rement. Lave-toi de tes souillures, et aussitôt tu
seras
paré d'un vêtement plus éclatant que la fleur
du lis.
C'est pourquoi, voulant entrer dans la profon–
deur du discours historique, je dis à ceux qui
voudront écouter attentivement cette utile nar –
ration : L'ordre m'en a été donné, à
moi
Aga -
thange, originaire de la grande ville de Rome ,
instruit dans la science des anciens, ayant appris
les lettres romaines et grecques, et n'ignorant pas
l'art d'écrire en abrégé. Ains i , étant arrivé dans
le royaume des Arsacides, au temps
du brave,
du vertueux, du fort, du belliqueux Tiridate
(
Dertad), qui surpassa en valeur tous ses ancêtres,
qui déploya une vigueur d'athlète et fit des en–
treprises de géant, il nous a imposé de raconter,
non pas ses hauts faits, ni des fictions ou des
fables embellies par des récits exagérés et men–
songers, mais les épisodes des diverses expéditions,
les événements des temps de troubles et de guerres,
de dire tout le sang répandu, les armées massa–
crées, les révoltes militaires, les incursions, la
ruine des provinces, la chute des villes, la prise
des bourgs, l a lutte des hommes, leur héroïsme
et leurs vengeances. Cet ordre m'a été donné par
le grand roi Tiridate, en vue de raconter d'après
la succession des temps, d'abord les exploits de
son père Chosroès (Khosrov), les guerres heureuses
à l'époque des troubles du royaume et de la con–
fusion des peuples, puis la mort du valeureux
Chosroès, qui en fut la cause; comment s'accom–
plit cet événement et ce qui en advint ; la valeur
dont hérita Tiridate, et tout ce qu'il fit durant
son règne ; de quel endroit et comment arrivèrent
les martyres aimées de Dieu, qui brillèrent presque
du même éclat que des flambeaux, pour dissiper
les sombres nuages qui obscurcissaient l'Arménie;
comment elles donnèrent leur vie pour la vérité
de Di eu;
comment
le Seigneur eut pitié de l 'Ar –
ménie, en la visitant et en opérant, par le moyen
d'un homme, tant de miracles; avec quelle pa –
tience et par quel triomphe celui-ci souffrit tant
d'épreuves pour le Christ; ses tourments dans la
fosse ; ses combats comme un lutteur de profession
dans la ville d'Artaxate (Ardaschad) ; comment
i l mérita le nom de martyr; comment on le crut
mort, et son retour à la vie par la volonté de
Di eu ; les soins qu'il prit de l'Arménie; comment
i l devint le messager de la doctrine du Christ et
de l à bonté divine, après le châtiment miracu–
leux; comment Tiridate bienfaisant, en embras–
sant une vie inespérée, devint bon pour tous, et,
par la grâce divine, le fils de sa patrie régénérée,
en jouissant de la véritable existence.
Ainsi donc, comme nous l'avons dit, nous
allons écrire, non pas d'après les renseignements
puisés à d'anciennes traditions, mais après
avoir vu nous-méme, de nos propres yeux, les
personnages; après avoir
été témoin des
vicissi–
tudes spirituelles- et de la lumineuse et glorieuse
doctrine placée au-dessus de toutes les autres, à
laquelle le roi soumettait tout son peuple, au
joug imposé par Di eu ; ou plutôt, ce n'était pas
l u i , mais bien la Volonté du Christ tout-puis–
sant. Quand ils travaillèrent à renverser les édi–
fices et à fonder les saintes églises, ils l'érigèrcnt
Fonds A.R.A.M