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L E P S E UDO - B A R D E S ANE .
ordres de leurs maîtres, ils s'écartent de la voie
de la vérité, et deviennent des fornicateurs et des
prodigues. On en rencontre qui se repentent de
nouveau après leur chute ; la crainte les saisit, et
ils retournent à la vérité dont ils s'étaient éloignés.
Qu'est-ce donc que la Nature de l'homme ? Car,
hélas ! tous les hommes diffèrent entre eux dans
leur conduite et dans leurs désirs ; mais ceux qui
ont la même volonté et qui suivent les mêmes con–
seils se ressemblent ; et ceux qui se laissent aller
à leurs mauvais penchants jusqu'à ce moment, et
que les passions gouvernent, se plaisent à attribuer
à leur Créateur toutes leurs mauvaises actions,
afin qu'ils puissent prouver, par un vain plaidoyer,
qu'ils ne sont pas en faute , et que Celui qui les a
créés doit être condamné. E n effet, ilsne voient pas
que la Nature n'a point de lois ; car un homme n'est
pas blâmé parce qu'il est de haute ou de petite
taille, blanc ou noir, ou parce que ses yeux sont
grands ou petits, ou pour n'importe quel défaut
corporel; mais i l est blâmé s'il vole ou s'il ment,
s'il trompe ou s'il empoisonne, s'il maudit ou s'il
commet des actions mauvaises. Hélas ! i l ressort
de tout ceci, que pour ce qui est des choses qui
ne sont pas faites par nos mains, mais que nous
avons reçues en don de la Nature, nous ne som–
mes certainement ni condamnés par elles, ni jus–
tifiés par elles; mais les choses que nous faisons
par notre Libre Arbitre, si elles sont bonnes,
nous sommes justifiés et loués à cause d'elles,
et si elles sont mauvaises, nous sommes con–
damnés et blâmés par elles.
Nous l'interrogeâmes encore et lui demandâ–
mes : I l en est qui disent que les hommes sont
gouvernés par le décret du Hasard , tantôt mal
et tantôt bien.
I l nous répondit : Moi aussi, ô Philippe et
Baryama (i) ! je sais qu'il est des hommes appelés
Chaldéens, et d'autres qui cultivent cette con–
naissance de la science, comme autrefois je l'ai
aimée aussi ; car il a été dit par moi ailleurs (2),
que l'âme de l'homme est capable de connaître
ce que beaucoup de gens "ne connaissent pas,
( 1 )
W. Cureton n'est pas sûr d'avoir bien compris ce mot 1
et hésite à affirmer si c'est un nom propre ou non. Peut-
être pourrait-on traduire par « profondément » ou plus
littéralement par « fils de la mer ».
(2)
C'est une allusion à l'un des ouvrages précédemment
composés par Bardesane, et qui avait trait aux induc–
tions que l'homme peut tirer de l'aspect des astres. Un
écrivain arméniendu cinquième siècle de notre ère, Eznig,
auteur d'une « Réfutation desdifférentessectes religieuses
de l'Orient et de l'Occident », paraît avoir fait usage des
et ce que ces mêmes hommes projettent de faire ;
et que tout ce qu'ils font, mal ou bien, et que tout
ce qui leur arrive , comme fortune ou pauvreté,
comme maladie ou santé, défauts corporels, ils
le doivent à l'influence de ces astres désignés sous
le nom de Sept, et sont régis par eux. Mais d'au–
tres soutiennent le contraire, disant par exemple
que cette science est une imposture des Chaldéens,
que le Hasard n'existe pas, que c'est un vain mot;
que toutes choses, grandes ou petites, sont placées
entre les mains de l'homme, et que les défauts
corporels et les fautes arrivent et surviennent na–
turellement. Cependant, d'autres prétendent que
tout ce qu'un homme fait, i l le fait de sa propre
volonté, en vertu du Libre Arbitre qui lui a été
donné, et que les fautes, les défauts et les mal–
heurs qui lui arrivent, i l les reçoit comme une
punition de Dieu. Quant à moi, dans mon humble
opinion , il me semble que ces trois sectes, ont en
partie raison et en partie tort. Elles ont raison,
parce que les hommes parlent selon leur manière
de voir et. parce qu'aussi ils voient comment les
choses leur arrivent, et ils se trompent. E n effet,
la sagesse de Dieu est plus infinie que la leur, car
c'est elle qui a établi les mondes et créé l'homme,
qui a institué les gouverneurs et donné à toutes
choses la force qui convient à chacune d'elles.
Cependant, je dis que Dieu et les Anges, les Puis–
sances et les Dominations, les éléments, les hom–
mes et les animaux ont cette force ; toutefois, i l
n'a pas été donné à toutes ces hiérarchies dont j ' a i
parlé le pouvoir de faire toutes choses. Car Celui
qui est puissant en tout est élu, et eux, ils ont
le pouvoir de faire certaines choses, et sont dans
l'impossibilité de faire les autres, ainsi que je l'ai
dit : afin que la bonté de Dieu puisse être reconnue
là où ils ont le pouvoir, et que, là où ils ne l'ont
pas, ils puissent connaître qu'ils ont un Seigneur.
I l existe donc un Hasard, comme disent les
Chaldéens; mais que chaque chose ne dépende
pas de notre volonté, cela est démontré par ce
fait que la plupart des hommes ont souhaité la
richesse, de dominer leurs semblables, d'être sains,
écrits deBardesane, et notamment du « Livre duDestin »,
car on retrouve dans ce philosophe des pensées qui pa–
raissent inspirées par la lecture du livre du célèbre gnos-
tique d'Edesse. Voyez notamment ce que dit Eznig,
au liv. II, ch. 13 et suivants de l'édition de Venise (1826),
et la traduction française, très-infidèle du reste, de
M. Levaillant de Florival, p. 103 et suiv., intitulée :
Réfutation des différentes sectes païennes...,
par le
docteur
(
sic)
Eznig ( Paris, 1853 ).
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