Ions plus souffler; et la terre : Je ne veux plus
porter et soutenir tout ce qu'il y a sur moi . Mais
toutes ces choses servent et sont sujettes à une
l o i , car elles sont les instruments de la sagesse
de Dieu qui est infaillible. E n effet, si chaque
chose se dirigeait el le-même , que serait donc
celui vers qui elle serait dirigée? et si chaque
•
chose était dirigée vers un but, que serait donc
celui qui dirigerait? Alors i l n'y aurait au–
cune chose différente de l'autre, car ce qui est
simple et n'a pas de différence en soi, est un être
•
qui, jusqu'à présent, n'a pas encore été créé.
Mais ces choses qui ont besoin d'être dirigées,
ont été mises au pouvoir de l'homme, parce qu'il
fut créé à l'image d'Elohim. Sous ce rapport,
ces choses lui ont été données par bont é , powr
qu'elles lui servent pendant un temps ; et i l lui a
été donné de se gouverner par sa propre volonté,
et pour que tout ce qu'il est capable de faire, i l
le fasse s'il le veut ; s'il ne le veut pas, qu'il ne le
fasse pas ; et enfin pour qu'il puisse se justifier ou
se condamner. Car si l'homme avait été fait de
telle sorte qu'il ne fût pas capable de faire un
mal pour lequel i l pût être condamné; de la
même manière, le bien qu'il ferait ne serait pas
son fait, et i l ne serait pas capable par cela
même de se justifier. Ai ns i , quiconque ne ferait
pas, d'après sa propre volonté, ce qui est bon ou
mauvais, sa justification et'sa condamnation re–
poseraient dans le Hasard pour lequel i l est créé.
Sous ce rapport, qu'il soit donc démontré pour
vous, que la bonté de Dieu a été grande envers
l'homme, et qu'il lui a été donné le Libre Arbitre
à un plus haut degré qu'à tous ces éléments
dont nous avons parlé tout à l'heure ; que par
l'usage de ce Libre Arbitre, i l peut se justifier et se
gouverner d'une manière divine et s'associer aux
Anges ( i ) , qui sont eux aussi en possession du
Libre Arbitre; car nous savons que si les Anges
ne possédaient pas en eux-mêmes le Libre Arbitre,
ils n'auraient pas eu de relations avec les filles des
hommes, ils n'auraient pas péché et ne seraient
pas tombés de leurs places. C'est pourquoi, de la
même manière, les autres Anges qui ont accompli
la volonté de leur Seigneur ont été élevés et sanc–
tifiés par leur empire sur eux-mêmes, et ont reçu
des dons puissants. Car tout ce qui existe a be-
(1)
Bardesane prend ici D>nbfc*
*
>22t
que les Septante
ont rendu par uloï TOÛ OSOO
(
Genèse
,
V I , 2), pour les
Anges. — Cf. aussi Josèphe,
Antiq. jud.,
liv. I , ch. 3. —
Justin martyr,
Apolog.,
liv. I I , c. 5. — Clément d'Alexan–
drie,
Stromat.,
liv. I I I et liv. V . '— Sulpice-Sévère,
Hist. sacr.
y
liv. I . — Lactance,
Inst. div.,
liv. I I , c. 14.
—
Le testament des XIIpatriarches
;
Test, de Ruben.
c. 5, dans
Gràbe,Spicilegium SS. Patrum,
1.1,
pg. 150.
L E L I V R E D E L A L O I D E S CONTRÉES .
75
soin du Seigneur de tous, et i l n'y a pas de limites
à ses dons. Sachez néanmoins que même ces
choses dont j ' ai par lé , sont réglées par une l o i ,
qu'elles ne sont pas complètement exemptes de
liberté, et sous ce rapport, au dernier jour, elles
seront toutes soumises au Jugement.
Je lui répliquai : E t comment ces choses qui sont
sujettes à une règle, pourraient-elles être jugées ?
I l me répondit : Les éléments, ô Philippe, ne
seront pas jugés en tant qu'ils sont soumis à une
règle, mais en tant qu'ils sont une force 5 car des
êtres, lors même qu'ils sont soumis à un ordre,
ne sont pas pour cela privés de leurs qualités
naturelles, mais seulement de leur force d'éner–
gie qui est diminuée par le mélange des uns avec
les autres, et ils sont soumis par le pouvoir de leur
Créateur; et en tant qu'ils sont sujets, ils ne sont
pas jugés , excepté pour ce qui leur est propre.
Avida lui dit : Les choses que tu as dites sont
excellentes. Mais, hélas ! les Commandements qui
ont été donnés aux
hommes sont
sévères, et ceux-
ci ne sont pas capables de les exécuter.
Bardesane répondit : Ceci est la réponse d'un
homme qui ne désire pas faire ce qui est bien, et
plus spécialement encore d'un individu qui a obéi
et qui s'est soumis à son Ennemi (Satan). Car les
hommes ne sont pas tenus de faire ce qu'ils sont
capables de vouloir. E n effet, i l y a deux Comman–
dements qui nous sont imposés, et qui sont établis
justement pour le Libre Arbitre : l'un qui ordonne
de nous abstenir de tout ce qui est mal, et de ce
que nous ne voudrions pas qui nous fût fait ; et
l'autre qui ordonne de faire le bien et d'aimer et
de désirer qu'on nous le fasse. Car quel homme
par exemple serait incapable d'éviter le mal, le
mensonge, l'adultère et la fornication, ou de se
rendre coupable de haine et de fausseté ? Cepen–
dant, hélas ! toutes ces choses sont inhérentes à
l'esprit de l'homme, et elles ne dépendent pas du
pouvoir du corps, mais de la volonté de l'âme.
E t même, quand unhomme serait pauvre, malade,
vieux et impotent de ses membres, il est capable
de s'abstenir de toutes ces choses ; et comme i l est
capable de s'en abstenir, i l est de même capable
d'aimer et de bénir, de dire la vérité, de prier
pour le bien de tous ceux qu'il connaît. De
plus, s'il est en santé et s'il a l'usage de ses
mains, i l est en outre capable de donner quelque
chose de ce qu'il a, de supporter aussi, par sa
force corporelle, celui qui est malade et qui s'est
affaissé. Telle est sa capacité. J'ignore donc en
quoi consiste ce qu'on n'est pas capable de faire,
comme le disent ceux qui sont privés de foi. En
effet, j e pense que c'est selon ces Commande-
Fonds A.R.A.M