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le sujet des prouesses de cette homme débauché.
Sache donc que la race des Bagratides, en
abandonnant la foi de ses pères ( i ) , reçut d'a–
bord des noms barbares, Piourab, Sempad, et
autres appellations du même genre ; privés ainsi
des noms de ' leurs aïeux, qu'ils portaient avant
leur apostasie, Pakatia, Doupia, Sénékia, Assout,
Sapadia, Vazaria, Enanus. I l me semble que le
nom de Pakarad que portent à présent les Bagra–
tides est bien Pakatia ; de même qu'Assout est
Achot ; de même aussi Vazaria est Varaz ; Scham-
pad est Sempad.
IV. (CH. LXIV.)
Le dernier Tigrane ( Dilran ) et ses actions.
A Tigrane (Dikran) succède son frère Tigrane
(
Dikran) dernier (2), qui régna sur l'Arménie la
vingt-quatrième année de Firouz (Bérosc) roi des
Perses. Après un long règne (3) de quarante-deux
ans, il mourut sans avoir accompli aucune action
mémorable. I l fut captif d'une jeune fille grecque,
à l'époque où mourut Titus second, empereur des
Romains, appelé Antonin Auguste. Firouz, roi
des Perses, fondit sur l'empire romain (4) et pour
cela il fut nommé Firouz, c'est-à-dire vainqueur 5
car avant il se nommait Vologèse en langue grec–
que. Mais comment le nomment les Perses ? je
l'ignore.
En même temps que Firouz fait une invasion
en Syrie sur le territoire de la Palestine, notre
Tigrane envahit pour lui et par son ordre les pro–
vinces méditerranéennes. I l est fait prisonnier par
une jeune princesse qui gouvernait le pays, dans
le temps que Lucius (Loukianos) César (5), cons–
ul) Les Bagratides qui descendaient du juif Schampa
Pakarad conservèrent longtemps leur religion, après que
le chef de la famille rut entré au service de Valarsace
fondateur de la dynastie arsacide d'Arménie. Us furent
même pressés à plusieurs reprises d'abandonner leur
foi religieuse pour embrasser le culte des idoles (Moïse
de Khorêne, II, 8, 14 ). S'étanl convertis au christia–
nisme, les Bagratides continuèrent à jouer un grand
rôle politique en Arménie, et, à la chute des Arsacides,
cette famille avait conquis le premier rang parmi les sa–
trapes du pays (Indjidji,
Archéol. de l'Arm.,
t. II, p. 96-
108 ).
Les Bagratides fondèrent même une dynastie au
neuvième siècle, dont le siège fut la ville d'Ani.
(2)
Tigrane ou Dikran III régna de 142 à 178 de
notre ère.
(3)
Le texte arménien dit «
une longue vie ».
(4)
Script, hislor. August.;
Cf. Jules Capitolin
(
Vie
d?Antonin,
c. 8 ) qui parle de cette campagne de Firouz.
(5)
Lucius Aurélius Vérus Commodus Antoninus, dont il
MAR APAS CATINA.
L'ARMÉNIE.
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truisait un temple à Athènes. Lucius, étant passé
avec de nombreuses troupes dans les terres mé–
diterranéennes, soumit l'Arménie, après la mort de
Firouz, délivra Tigrane et lui donna en mariage
la jeune Rufa. Mais, arrivé en Arménie, Tigrane
l'abandonne, et des quatrefilsqu'il avait eus d'elle,
i l en fait une race appelée Rufsian, du nom de
leur mère Rufa. I l crée le premier d'entre eux
chef de la famille, qu'il met au rang des autres
satrapies, afin qu'ils ne puissent prendre le nom
d'Arsacides.
Quant aux branches cadettes, ici et dans les
contrées de Gordjaïk (1), elles furent établies par
Tigrane ; c'étaient des hommes sans rang dans les
milices, mais remarquables de leur personne,
qui avaient combattu pour la cause de Tigrane
en Grèce, Ils étaient venus des contrées de Gord–
jaïk, ou bien de notre côté, je veux parler de nos
voisins les Vedjiank et des descendants de Haïg,
et même des étrangers. Nous ne les appelons pas
par leurs noms, à cause de notre ignorance à ce
sujet et aussi de la difficulté des recherches; en–
fin parce que les opinions de beaucoup de gens
sont si différentes qu'il nous faudrait les passer
toutes en revue. Pour cela, nous ne dirons rien de
ces races constituées par le dernier Tigrane, quoi–
que, à plusieurs reprises, tu nous aies engagé à le
faire; mais nous parlerons seulement des faits dont
nous sommes certain, des événements postérieurs.
Nous avons évité autant que possible tout discours
superflu, toute parole pompeuse, et tout ce qui
était un sujet de doute en parole et en imagina–
tion; nous attachant, autant qu'il était en notre
pouvoir, à ce qui est juste et vrai, soit que la chose
vînt de nous ou d'ailleurs; de même ici, je m'abs–
tiens de toutes paroles irréfléchies, et de tout ce
qui tend à introduire des opinions inexactes. Je
te conjure encore, comme je l'ai déjà fait à plu–
sieurs reprises, de ne pas m'imposer des récits
superflus, et de ne pas faire que ce travail, qui
est en tout point une œuvre grande et vraie,
devienne puéril et oiseux par des récits douteux
ou mensongers. Le danger, pour toi comme pour
moi, serait le même.
est question dans l'histoire de Jules Capitolin (
Vies
d>Antonin, passim ; de Verus,
ch. 6 et 7).
(1)
L'Arménie Kurde, la Gordyène ou Cordouène des
anciens (Ptolémée, liv. V, ch. 13. Strabon, Uv. XL ch. 14.
Plutarque,
Vies de Lucullus et de Pompée.
Dion
Cassius, liv. XXXVH. Ammien Marceliin, XXIV, 8-
v
XXV,
7.
Pline, VI , 15). — Cf. St-Martin,
Mémoires sur
VArm.,
t. I, p. 176 et suiv., et plus haut o. 24, col. 1,
note 1.
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Fonds A.R.A.M