64
          
        
        
          
            B A R D E S A N E .
          
        
        
          
            I I .
          
        
        
          
            (
          
        
        
          
            CH.
          
        
        
          
            LXH.)
          
        
        
          
            
              Faits relatifs à Diran.
            
          
        
        
          
            Diran, fils d'Ardaschès ( i ) , règne en Arménie
          
        
        
          
            la treizième année de Firouz (Béroze) 1
          
        
        
          
            e r
          
        
        
          
            roi des
          
        
        
          
            Perses. On ne raconte de lui aucune action r e –
          
        
        
          
            marquable ; mais seulement qu'il servit fidèlement
          
        
        
          
            les Romains. I l vécut en paix, occupé de chasses
          
        
        
          
            et de plaisirs, à ce que l'on assure. I l avait deux
          
        
        
          
            chevaux plus rapides que Pégase, qui paraissaient
          
        
        
          
            non pas toucher la terre, mais bien fendre Pair.
          
        
        
          
            Un jour, Tadaké, prince des Peznouni, obtint
          
        
        
          
            de les monter, et se vanta d'être plus magnifique
          
        
        
          
            que le roi.
          
        
        
          
            Les hommes de la race antique des Arsacides
          
        
        
          
            (
          
        
        
          
            Arschagouni ) qui était aussi la sienne, lesquels
          
        
        
          
            habitaient dans les contrées de Hachdiank, étant
          
        
        
          
            venus vers Diran, lui dirent : « Élargis nos domai–
          
        
        
          
            nes qui sont trop insuffisants pour nous à cause
          
        
        
          
            de notre accroissement. » L e roi ordonna à une
          
        
        
          
            partie d'entre eux d'aller dans les cantons d'A-
          
        
        
          
            ghiovid et d'Arpérani.Mais ils firent au roi de plus
          
        
        
          
            vives réclamations, en disant : «Nous sommes en–
          
        
        
          
            core plus à Pétroit. » Diran ne fit pas droit [ à leur
          
        
        
          
            requête ] ; i l refusa de leur donner d'autres do–
          
        
        
          
            maines, et partagea entre eux, par parties égales,
          
        
        
          
            le territoire qu'ils occupent. L e partage fait par
          
        
        
          
            tête, le territoire de Hachdiank fut trouvé insuf–
          
        
        
          
            fisant pour le nombre des habitants. Alors beau–
          
        
        
          
            coup d'entre eux allèrent dans les cantons d ' A-
          
        
        
          
            ghiovid et d'Arpérani.
          
        
        
          
            I l y avait, dit-on, du temps de Di ran , un jeune
          
        
        
          
            homme de la race des Antzévatzi, accompli en
          
        
        
          
            toutes choses et appelé Er akhnavou ; i l épouse
          
        
        
          
            la dernière des femmes d'Ardavazt, que ce prince
          
        
        
          
            avait ramenée de Grèce. Ardavazt n'ayant pas de
          
        
        
          
            fils, le roi laisse à Erakhnavou toute la maison
          
        
        
          
            d'Ardavazt; car on disait celui-là, homme de mé–
          
        
        
          
            rite, modéré en toutes choses, et réglé dans ses
          
        
        
          
            passions. Le ro i , qui l'aime,, lui donne le second
          
        
        
          
            rang qu'occupait Ardavazt, lui confie l'armée
          
        
        
          
            d'orient et laisse près de lui Trouasb le Perse,
          
        
        
          
            son favori, qui était allié aux satrapes du Vas-
          
        
        
          
            bouragan, et à qui i l avait donné le bourg de Da -
          
        
        
          
            dion avec son territoire, et une grande vigne ar–
          
        
        
          
            rosée par un canal venant du lac de Kaïladou (2).
          
        
        
          
            Diran s'en alla dans les contrées d'Eguéghiatz,
          
        
        
          
            établir sa cour dans le bourg de Tchermès, et i l
          
        
        
          
            (1)
          
        
        
          
            Diran I régna de 121 à 142 de notre ère.
          
        
        
          
            (2)
          
        
        
          
            Le
          
        
        
          
            
              Kaïlad,
            
          
        
        
          
            diminutif de
          
        
        
          
            
              kaïl
            
          
        
        
          
            (
          
        
        
          
            loup), était situé
          
        
        
          
            dans la province d'Ararat. — Cf. la Géographie attribuée
          
        
        
          
            à Moïse de Khoréne, dans les
          
        
        
          
            
              Mémoires sur l'Arménie
            
          
        
        
          
            de Saint-Martin, t. If, p. 366-367.
          
        
        
          
            occupa le trône vingt et un ans. I l périt enseveli
          
        
        
          
            sous une avalanche.
          
        
        
          
            I I I . ( C H . LXI I I . )
          
        
        
          
            
              Tiridate (Dertad)
            
          
        
        
          
            
              Pahradouni.
            
          
        
        
          
            Assurément Tiridate (Dertad), de la race des
          
        
        
          
            Bagratides (Pakradouni), fils de Sempadouhi fille
          
        
        
          
            du brave Sempad, était un homme courageux et
          
        
        
          
            fort, de petite taille et d'apparence chétive. L e roi
          
        
        
          
            Di r an lui fit épouser sa fille Eraniag. Celle-ci haïs–
          
        
        
          
            sait son mari Tiridate, et allait toujours se lamen–
          
        
        
          
            tant, murmurant et se plaignant d'être contrainte,
          
        
        
          
            elle si belle, de cohabiter avec un homme dis–
          
        
        
          
            gracieux; d'être alliée, elle sortie d'une maison
          
        
        
          
            illustre, à un homme d'un rang inférieur. Tiridate
          
        
        
          
            indigné, la frappa un jour très-rudement, arra–
          
        
        
          
            cha sa blonde chevelure, et, l'ayant dépouillée de
          
        
        
          
            ce riche ornement, i l commanda qu'on l'entraînât
          
        
        
          
            et qu'on la jetât hors de l'appartement. Lui-même,
          
        
        
          
            s'étant révolté, s'en alla dans les contrées impre–
          
        
        
          
            nables de la Médie. Arrivé au pays des Siouni,
          
        
        
          
            il apprend la mort de Di r an , et à cette nouvelle
          
        
        
          
            i l s'y arrête.
          
        
        
          
            ,
          
        
        
          
            Un jour Tiridate est invité à la table de Pagour,
          
        
        
          
            chef de la famille des Siouni. Au milieu des joies
          
        
        
          
            de l'ivresse, Tiridate voit une femme d'une grande
          
        
        
          
            beaut é , qui chantait en s'accompâgnant d'un
          
        
        
          
            instrument, et qui s'appelait Nazinig. Transporté
          
        
        
          
            "
          
        
        
          
            d'amour, i l dit à Pagour : « Donne-moi cette
          
        
        
          
            chanteuse. » — « Non (répond c e l u i - c i ) , car
          
        
        
          
            c'est ma favorite. » Tiridate, saisissant alors Na –
          
        
        
          
            zinig, l'attira à lui au milieu du festin, et donna
          
        
        
          
            cours à sa passion comme un jeune libertin. P a –
          
        
        
          
            gour, furieux de jalousie, se leva pour l'arracher
          
        
        
          
            [
          
        
        
          
            à son r i va l ] ; mais Ti r idate , debout, s'arma d'un
          
        
        
          
            vase rempli de fleurs, et chassa du banquet les
          
        
        
          
            convives. On croyait voir un nouvel Ulysse
          
        
        
          
            expulsant le prétendant de Pénélope, ou bien la
          
        
        
          
            lutte des Lapilli es et des Hippocentaures ( 1) aux
          
        
        
          
            noces dePirithoiis. Mais i i est superflu de toucher
          
        
        
          
            (1)
          
        
        
          
            
              Ouchgàbarig
            
          
        
        
          
            est le nom d'une divinité inconnue
          
        
        
          
            du paganisme arménien, que les traducteurs ont appli–
          
        
        
          
            qué sans raison soit aux Sirènes, soit aux Hippocentau–
          
        
        
          
            res. ( Cf. Émin,
          
        
        
          
            
              Recherches sur le paganisme armé»
            
          
        
        
          
            
              nien,
            
          
        
        
          
            p. 36.) Ainsi, dans la traduction grecque de la Chro–
          
        
        
          
            nique d'Eusèbe, les Sirènes dont parle Apollodore sont
          
        
        
          
            appelées
          
        
        
          
            
              Ouchgàbarig
            
          
        
        
          
            ( 1.1,
          
        
        
          
            p. 12, 13 de l'éd. Aucher ),
          
        
        
          
            et Moïse de Khorêne, en rappelant ici le combat des La-
          
        
        
          
            pithes et des Centaures, d'après Bardesane, se sert éga–
          
        
        
          
            lement de la même expression. Grégoire Magistros, dans
          
        
        
          
            sa lettre à Thornig Mamigonien, désigne également les
          
        
        
          
            Sirènes sous le nom
          
        
        
          
            
              <¥Ouchgàbarig.
            
          
        
        
          
            (
          
        
        
          
            Chronique d'Eu–
          
        
        
          
            sèbe, éd. Aucher, p. 13, note 1.)
          
        
        
          Fonds A.R.A.M