Il faut en prendre notre parti et subir la honte Savoir toléré ces choses
sans mot dire. Nos gouvernants n'ont rien fait et ne font rien encore
aujourd'hui pour empêcher le retour de cette sauvagerie,.,
».
Von ne saurait vraiment mieux dire, et après avoir proclamé la néces–
sité de la justice et de la paix pour les Arméniens, nous ne pouvons que
nous joindre à l'auteur indigné des lignes précédentes pour crier avec lui :
«
Qui sera le peuple affranchisseur, le peuple humain, par le verke et
par l'acte? A quel pays cet honneur? Au siècle dernier tous les hommes
d'une voix unanime eussent désigné la France,..
Que faisons-nous aujourd'hui? ».
Mais qui donc parle ainsi? qui donc parle si juste, si noble, si bien?
qui?... Je vous le donne en cent, en mille... : M. Clemenceau !
Seulement alors, car il y a treize ans de cela, et il s'agissait des mas–
sacres de i 895, M. Clemenceau était député de l'opposition.
Et il n'est plus du même côté de la barricade.
Aussi lorsque hier, étant devenu roi de France, les massacres ont
recommencé, il a oublié son beau geste et ses belles phrases, et empoiso
par le virus du pouvoir, il a fait ce qu'avaient fait les autres, ce qui le
révoltait si fort chez les autres : il s'est croisé les bras en regardant
assassiner un peuple.
Après tout, ses propres actes à lui importent peu, car les ministres res–
ponsables devant le pays, passent; mais la France responsable devant
l'histoire demeure, et c'est le geste de la France qui importe.
Or la France qu'a-t-elle donc fait pendant qu'on massacrait les chré–
tiens d'Orient ? Rien.
Et c'est pour cela qu'elle finit — après avoir été tout là-bas — par
n'y être, hélas! presque plus rien, en attendant de n'y être plus rien du
tout.
Fonds A.R.A.M