doute que le drame d'Adana a passé presque ina–
perçu en Europe. C'est aussi parce qu'il avait
coïncidé avec les événements de Constantinople
qu i , pendant quelques semaines, furent l'objet ex–
clusif des préoccupations internationales : en effet
le 13 avril se produisait à Constantinople le coup
de réaction hamidienne; le 14 on massacrait dans
la province d'Adana.
Ce synchronisme a fait croire tout d'abord que
les hécatombes de Cilicie avaient été préparées et
exécutées par ordre d'Abdul-Hamid. I l y aurait
cherché, selon les uns, une diversion au mouve–
ment machiné par l u i contre le comité Union
et Progrès ; selon les autres, le moyen de discré–
diter le pouvoir des Jeunes-Turcs et de ressaisir
son autorité, par un réveil du fanatisme des masses
musulmanes, hostiles aux idées nouvelles. Le
passé du personnage justifiait toutes ces hypo–
thèses. Or, nu l n'a pu fournir la preuve de sa c u l –
pabilité dans l'affaire de Cilicie. I l a bien été ques–
tion de mystérieux émissaires de Yildiz parcourant
peu avant le 13 avril les provinces ottomanes*
porteurs de fonds considérables et d'un mot d'or–
dre qui devait passer sur toute l'Asie Mineure,
mais ce point n'a pas été éclairci ; à moins toute–
fois que le gouvernement constitutionnel n'ait de
parli-pris voulu étouffer la vérité : en dégageant
la responsabilité d'Abdul-Hamid pour attribuer le
massacre à une explosion de fanatisme musulman
provoquée elle-même par les prétendues.menées
révolutionnaires des Arméniens, i l atténuait du
Fonds A.R.A.M