ques, convulsion de la terre ou éruption volca–
nique, qu'une œuvre humaine : 20,000 morts, des
cités saccagées, des villages entiers dont i l ne
reste que le souvenir, des champs ravagés, d ' im–
menses fermes qui ne sont plus qu'un tas de cen–
dres; et au mi l ieu de ces ruines, les débris d'un
peuple, des mi l l iers de veuves et d'orphelins,
d'innombrables créatures sans to i t , dépourvues de
tout, vagabonds affamés que guettent la maladie
et la mort, malgré la générosité des œuvres
de secours. Et voici qu'on annonce une nouvelle
catastrophe : le Sarus a débordé, inondant la vi l le
d'Adana, et achevant d'emporter ce qui était resté
de cultures dans la plaine; la famine est atroce, le
pays détruit. I l l u i faudra longtemps pour se rele–
ver ou plutôt pour renaître à la vie.
Ce que, par un singulier euphémisme, on a appelé,
à Stamboul, les troubles d'Adana, constitue en réa–
lité un des plus monstrueux attentats que le mar–
tyrologe arménien ait eu à enregistrer. Les nou–
velles ont filtré peu à peu, les témoignages se sont
accumulés, la lumière s'est faite. La presse nous
avait insuffisamment renseignés. I l est vrai que le
public occidental ne s'intéresse guère à ce qui se
passe dans cette lointaine Arménie. Les âmes com–
patissantes elles-mêmes sont lasses de s'émouvoir
de ses malheurs. Quant aux chancelleries, elles
s'accomodent, on le sait, de ce qui ne contrecarre
n i ne menace les intérêts des financiers qu'elles
protègent, et elles ont pris la douce habitude de
laisser égorger les Arméniens. De là vient sans
Fonds A.R.A.M