coup la responsabilité des autorités ottomanes
d'Adana, et s'épargnait ainsi la peine de sévir contre
les coupables. Touj ours est-il qu'inspirée ou non
par Abdu l -Hami d , la tuerie de Gilicie fut l'œuvre
de l'élément turc d'Adana, et qu'elle constitue un
mouvement réactionnaire particulièrement carac–
téristique, dans son origine comme dans ses t en–
dances, de l'état des esprits en Turqui e d'Asie.
Nous sommes i c i en présence d'une de ces
questions où réapparaît l'hostilité de la race t u r –
que, la «race dominante» — suivant une expres–
sion qui n'est pas encore tombée en désuétude —
contre une des « races dominées » , qui sont les
chrétiens de l ' Emp i re . Cette hostilité, l'avènement
de l'ère constitutionnelle ne pouvait certes suffire
à la faire disparaître. Malgré l'ouverture d'un Par–
lement à Gonstantinople, la révolution ottomane
ne s'est pas accomplie. Révolution ou évolution, i l
reste encore aux Jeunes-Turcs beaucoup à faire
pour opérer la transformation politique et sociale
dont ils ont arboré les principes, si tant est que
cette transformation soit possible. Les doctrines
libérales n'ont pas de prise sur les masses musu l –
manes, ce dont on ne saurait évidemment s'éton–
ner. Le Turc d'Asie n'a pas accepté le nouveau
régime; i l le sub i t ; i l y est même manifestement
hostile. Instinctivement i l repousse toute réforme,
surtout quand elle porte une marque étrangère et
qu'elle tend à l'assimiler au chrétien. Ces circons–
tances n'expliquent que trop qu'un massacre d ' Ar –
méniens ait été possible sous le nouveau régime,
Fonds A.R.A.M