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aux yeux d ' A l l a h , d ' immo l e r lui -même un chi en
de chrétien !... Qu'à cela ne t i enne ! On l u i amène
u n Arméni en b i en ficelé, o n le couche à t e r r e et,
pendant que quat re hommes l ' y ma i n t i ennen t ,
J'aveugle, d ' une ma i n q u i peut à pe ine r e t e n i r
le couteau, s'escrime sur le cou de la v i c t ime .
On d i t souvent, remarque M. Léopold Favre, que les
Turcs ne sont n i fanatiques n i cruels, qu'ils tuent pour
piller ou par ordre. Comment expliquer le cas d'un
riche propriétaire turc qui a tué lui-même six pauvres
domestiques arméniens qu i travaillaient chez l u i ? Des
cas analogues ont été fréquents, mais ils ont eu leur
contre-partie.
E n effet, des l e t t res d'Européens et d 'Armé –
n i ens s i gna l ent la condui t e huma i ne et généreuse
de musu lmans , chefs, notables ou paysans t u r c s ,
et même kurde s ou circassiens. A Hamidié, l e
nommé Zeker i a bey a sauvé des Armén i ens ; à
Osmanié, un cer ta i n Sabr i effendi en protégea 18
autres pendant t r o i s j o u r s ; mais la populace s u r –
v i n t qu i les réclama, l eu r creva les yeux , et les
coupa en mor ceaux . A i l l e u r s encore — comme à
Kessab, où des Tu r c s se sont battus cont re des
Arabes pour l e u r arracher la f emme Ap i g i a n , que
ceux - c i a l l a i ent hacher — de braves gens ont d é –
f endu ou délivré des v i c t ime s . Des f onc t i onna i r e s
c i v i l s et mi l i t a i r e s se sont distingués par l e u r fer–
meté et l e u r énerg i e . Le mu t e s s a r i f de Me r s i n e ,
Essad bey, a réussi à g rand ' pe i ne à prévenir la
t ue r i e dans cette v i l l e . Son co l l ègue de Césarée ,
Fonds A.R.A.M