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terreur, écrit miss Wa l l i s , était arrêtée souvent dans
sa marche par des incendies ou par des tas de cada–
vres. Beaucoup tombaient dans ces brusques change–
ments de direction et étaient alors piétines, écrasés
par ceux qui suivaient.
Fina l ement ce misérable t roupeau alla s'engouf–
frer dans une grande usine grecque, celle de M .
Tr ypan i s . I l s étaient là jusqu'à 14,000. 5000 autres
ont trouvé abri dans une fabrique allemande.
Ils y étaient tellement serrés, écrit M. Léopold Fa -
vre, le philantrope genevois déjà cité, qu'on ne pou–
vait pas y pénétrer pour lçur distribuer du pain. Au
bout de vingt-quatre heures, l'infection devint telle
que les soldats turcs refusaient d'en approcher. Comme
on ne savait pas comment déterminer cette masse
énorme à se mettre en mouvement, un officier d'un
bateau anglais a eu l'idée de faire annoncer que la d i s –
tribution de pain aurait lieu là où on voulait établir le
camp, et i l a bien fallu que ces malheureux s'y rendent.
Dans l'après-midi du 26 on s'occupa d'enlever
les morts. On les chargeait sur des charrettes
qu ' on allait v i de r dans le Sarus. Escortant ces
convois, des gamins tur cs s'amusaient à l arde r
de coups les cadavres, à l eur crever les yeux, à
l eur piquer les joues avec des baguettes taillées
en po inte . . . Le mard i 27, les excès se ra l ent i r ent .
Vers le t a r d , une fusillade prolongée occasionna
une dernière alerte. Mais ce n'était plus qu ' une
salve en l ' honneur du nouveau sultan Mehme t V .
Dans la soirée, les navires de gue r r e mouillés de –
vant Mers ine étaient b r i l l ammen t illuminés pour
Fonds A.R.A.M