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Les troupes viennent cerner l'établissement, les
pompiers l'arrosent de pétrole, et les uns et les-
autresy mettent le feu au moyen de grandes torches-
fumeuses ou de ballots de coton enflammé. B i en –
tôt l'école n'est plus qu'un immense brasier, d'où
monte, parmi les clameurs atroces des victimes,,
une odeur acre, asphyxiante, de chairs qu i brûlent-
Un témoin oculaire me disait : « A travers un.
grand t r ou béant, j'aperçus sur un amas de cada–
vres déjà carbonisés, des créatures qu i se traî–
naient en hurlant, se débattaient, se tordaient
comme des damnés. Puis, j e ne vis plus rien
i
l ' ho r r i b l e vision s'évanouit dans un t ourb i l l on de
fumée, d'étincelles et de flammes. Tout autour de
ce bûcher, les soldats constitutionnels formant un.
grand cercle, criblaient de balles tous ceux q u i
tentaient de s'échapper ».
Ce dernier détail est confirmé par les récits de-
tous les témoins.
Après l'école Abgarian, c'est le t our des autres-
écoles, des églises, de l'évêché arménien, de
l'église grecque, du pensionnat tenu par les sœurs-
de Saint-Joseph, du collège français Saint-Paul 1"
tous ces édifices qui abritent également des Armé–
niens, sont sans cesse envahis par d'autres fuyards-
que les bandes pourchassent à travers les rues.
Cette fois, écrit sœur Marie-Sophie, ils ne se con–
tentent pas d'entrer chez nous par les portes : ils»
escaladent les terrasses, ils grimpent par les colonnes
jusqu'aux balcons. On dirait des grappes humaines-
Fonds A.R.A.M