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D'autre part, le vali demande aux chefs de la
communauté arménienne de signer un document
où i l s se reconnaissent les auteurs des événements
qu i se déroulent. C'est tout à fait le procédé hami -
d i en . Les Arméniens, indignés, repoussent cette
propos i t i on . En f i n , on se sépare, en se p r ome t –
tant d'agir chacun de son côté. M . G. . . note encore :
Les coups de feu s'espacent Le soir, cependant,
des pillards de la dernière heure arrivent des villages
éloignés et réclament leur part de butin.
Quelques homi c ides i nd i v i due l s , quelques ma i –
sons incendiées encore, et l'apaisement se fait.
Mais la v i l l e n'est plus qu ' un immense charni er .
Les autorités font enlever les mor t s . On les
j e t t e dans le Sarus ou b i en on les incinère par
tas énormes. Mais i l y en a t r op . On ne peut les
faire disparaître tous. Beaucoup de cadavres, pen –
dant t r o i s ou quatre j ou r s encore, j oncheront les
rues , où i l s seront la proie des chiens.
A la date du samedi 17, M . G. écrit :
Nous avons traversé la ville sous escorte. Le bazar
est complètement saccagé, détruit, i l ne reste que les
murs en brique... A mon grand étonnement, une bou–
tique est intacte : c'est celle d'un musulman... Les
meurtriers de la veille, pleins d'assurance, se promè–
nent dans les rues; ils emplissent les cafés. En bons
Turcs, ils semblent revenus à leur apathie habituelle...
En rentrant au konak, nous croisons des tombereaux
de cadavres qu'on va jeterau fleuve pourallerplus vite...
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Fonds A.R.A.M