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Ça et là d'autres cadavres qui sont la proie des mou–
ches et des chiens. Les ruisseaux sont teints de sang...
Extrait d'une lettre du Père Benoît qu i s'est
aussi hasardé à travers la ville :
Précédé d'un drapeau, je m'enfonçai dans les p r i n –
cipaux quartiers. Quel morne silence ! Les magasins
«
ont affreusement saccagés, les maisons sans portes.
Les incendies continuent dans les ruelles ; des files de
•
cadavres à demi décomposés gisent dans des mares de
«
ang, parfois si nombreux qu'on a peine à passer sans
ies piétiner. Pendant vingt minutes, je marchai dans
le sang humain.
M . Chambers mande :
Je ne sais ce qui se passe à la campagne, mais en
ville, c'a été plus atroce et plus diabolique que le mas–
sacre d'Erzeroum en 1895.
Dans la campagne — on le verra plus l o i n —
où cette fureur homicide s'est rapidement répan–
due, dès le premier j ou r , la population arménienne
est passée au f i l de l'épée, plusieurs villages flam–
bent à la fois. D'heure en heure des estafettes
ar r i vent à Adana, annonçant aux autorités m i l i –
taires la destruction des villages : « Osmanié est
achevé; Hamidié est exterminé
1
»
et ainsi de suite.
1
Rapport de M. Stephen Trowbridge.
i
Fonds A.R.A.M