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chant les ongles, en leur écrasant les doigts, en
leur tatouant le corps au moyen de fers incandes–
cents, puis on leur scalpe le crâne, enfin on les
réduit en boui l l i e que Ton j et te en pâture aux
chiens. A d'autres, on brise petit à petit les os, on
les crucifie ou on les fait flamber comme des t o r –
ches. Tout autour des patients, des groupes se
forment qui se récréent à ces spectacles et applau–
dissent chaque geste des tort ionnai res .
Parfois ce sont des abominations infernales, des
orgies sadiques. On découpe à un Arménien les
extrémités du corps, puis on l 'obl ige à mâcher ces
morceaux de sa propre chair. On étouffe des mères
en l eur bourrant la bouche de la chair de leur
propre enfant. A d'autres, on ouvre le ventre et,
dans la plaie béante, on enfonce, après l 'avoir
écartelé, le petit que tout à l 'heure elles portaient
dans leurs bras *.
1
En 1895 des supplices analogues furent infligés aux Armé –
niens. C'est ainsi qu'à Malatia et a i l l eur s , on a détaillé sur l a
place pub l i que de la chair d'Arménien en découpant le patient
enrore vivant. Les tortionnaires d'Adana ont cependant sur –
passé ceux des précédents massacres. M . Antonio Scarfoglio,
envoyé spécial du
Matin
à Adana, a publié dans ce j ourna l
(
n
o s
du 5 et du 7 j u i n 1909) deux récits détaillés des ho r r eur s
qu i y ont été perpétrées. Vo i c i un ext ra i t du récit en question.
« ...
On passait aux femmes après les hommes, après les
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maris. On les déshabillait, on leur coupait les pointes des
«
seins qu'on obligeait les enfants à mâcher. Des fois, i l s l eur
«
promettaient la vie sauve pourvu qu'elles baisassent le canon
«
du f us i l , et alors i l s leur déchargeaient l'arme dans la b o u -
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che ; d'autres fois encore, i l s les violaient seulement, puis les
«
chassaient nues à travers les rues à coups de crosse.
«
Dans une ferme, i l s avaient surpr i s toute la famille B u r d i -
Fonds A.R.A.M