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vistes, la fleur et la gloire, di sai t - i l , de l'armée o t t o –
mane, et qu ' i l les avait convoqués lui-même pour mettre
plus rapidement fin aux troubles. J'ai renouvelé ma
protestation en faisant remarquer au val i que lui-même
ne pouvait pas être bien sûr que ces gens appartinssent
à la réserve, car on distr ibuai t des armes indi st incte–
ment à la foule. Je menai le vali à la fenêtre et l u i fis
voir que les officiers n'avaient point de liste en mains,
que les hommes ne formaient pas de compagnies et
n'étaient pas commandés. Je l u i fis en outre observer
qu'à leur façon de manier le fus i l on voyait bien que
ces soi-disants réservistes n'avaient jamais eu une
arme entre les mains... L' un d'entre eux ne sachant
même que faire de la cartouchière qu'on l u i avait don–
née, essayait de la fourrer dans sa poche. A voir les
efforts désespérés de ces individus pour se mettre en
rang et simuler une manœuvre, i l y aurait eu de quoi
éclater de r i r e , si les circonstances n'avaient pas été
aussi tragiques...
Cette fois, la t roupe pr end une part prépondé –
rante au carnage, au sac, à l ' incend i e .
Je me rendis de nouveau au konak, écrit le consul an–
glais, chemin faisant je vis des soldats se l ivrer au
massacre.
En t r e maints inc i dent s de ce genre , en vo i c i un
que rappor te M
m e
Do u g h t y -Wy l i e :
A côté de chez nous, une maison
1
où s'entassaient
cent cinquante Arméniens, viei l lards, femmes et en–
fants, fut incendiée. Les soldats y avaient mis le feu
et comme les fenêtres étaient grillées, personne n'a pu
s'échapper : tous ces malheureux ont été brûlés vi f s . . .
1
L a maison en question était située dans le quartier de
Yeni-Mahallé.
Fonds A.R.A.M