Dans un autre rapport, M. Gibbons écrit :
D'innombrables musulmans affluaient toujours des
campagnes, et le vali, malgré nos vives protestations,
a fait distribuer à ce ramassis de bandits armes et mu–
nitions, en nous disant que c'étaient des réser–
vistes.
Pour annoncer les premiers désordres à la Su–
blime-Porte, Djevad bey télégraphie : « Les Armé–
niens en armes ont attaqué et massacrent les Turcs.
Le Konak est assiégé. »
L'évêché arménien essaye de faire parvenir au
patriarcat de Constantinople un télégramme don-
mant une version plus exacte : le bureau télégra–
phique refuse de le transmettre...
I l va sans dire que les Arméniens n'ont attaqué
personne. Ils se préparent seulement à se défen–
dre. On n'a que trop reproché à leurs frères de
s'être laissé jadis, lors des boucheries de 1894,
1895
et 1896, égorger comme des moutons : c'est
qu'ils étaient alors complètement désarmés. Cette
fois un grand nombre d'entre eux possèdent des
revolvers ou des fusils de chasse. Aussi riposte–
ront-ils vigoureusement.
Vers 11 heures, sur plusieurs points de la ville
retentissent des coups de feu, d'abord espacés ;
puis ils redoublent, se multiplient comme grêle.
Fonds A.R.A.M