— 32 —
ché, tiraient en l'air. Nous pouvions suivre distincte–
ment leur t i r , voir leurs bras tendus et les revolvers
braqués en l'air. I l n'en fallait pas davantage au Ferik
pour déguerpir. I l fit volte-face et se réfugia au Konak,
d'où i l ne sortit plus pendant des journées entières.
Plus l o i n , M . Gibbons et M . Chambers rencon–
trèrent un jeune officier turc ayant sous ses ordres
une cinquantaine de soldats et « courant ostensi–
blement » vers l ' endro i t où on t i ra i t — car en pré–
sence des étrangers on affiche toujours un grand
zèle en des circonstances semblables.
Derrière les soldats, i l y avait une bande de Turcs,
brandissant des matraques, des sabres, des haches,
des fourches. Ils étaient conduits par un vieillard à
turban vert qui prononçait des imprécations contre les
giaours. Nous arrêtâmes l'officier pour l u i demander
s'il avait l'intention de faire rétablir l'ordre par les i n –
dividus qui l'escortaient. 11 répondit qu ' i l ne leur avait
pas demandé de le suivre. Nous l u i fîmes remarquer
qu' i l ferait mieux de disperser cette bande plutôt que
de la prendre sous sa protection et de l u i permettre
de se joindre ainsi aux autres perturbateurs. Comme
nous parlementions, des passants bénévoles s'appro–
chèrent et nous engagèrent à nous retirer et à ne pas
nous mêler de ce qui ne nous regardait pas. En ce mo–
ment précis nous entendîmes un grand brui t : c'est le
pillage des boutiques qui commençait sur ce point du
marché
Entre 9 et 10 heures du mat in, des assassinats
isolés sont commis au marché, dans les quartiers
Fonds A.R.A.M