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Je regrette de dire, écrit M. Chambers, que moi
aussi, confiant dans les paroles du val i , j ' a i engagé
nombre de commerçants à rouvr i r leurs boutiques.
Nous possédons , sur les événements de cette
matinée du 14 a v r i l , de nombr eux récits, dont
quelques-uns très circonstanciés. Nous nous con–
tenterons de r epr odu i r e quelques extrai ts d ' un
rappo r t adressé au ma j or Do ugh t l y -Wy l i e , consul
d ' Ang l e t e r r e à Mer s ine , par le Rev. Herber t
Adams Gi bbons , professeur à l 'école américaine
de Tarse et correspondant du
New-York
Herald.
M . Gibbons qu i , comme M . Chambers, s'est s i –
gnalé par son courage et son dévouement pendant
les t er r i b l es journées qu i ont su i v i , se t rouva i t dès
7
heures du mat in « en tournée d' inspect ion » dans
les rues du bazar d'Adana :
...
Au marché couvert, écrit-il, je remarquai que les
magasins arméniens n'étaient pas ouverts et qu'on fer–
mait en toute hâte ceux qui se trouvaient à ses abords.
Je m'arrêtai devant deux boutiques d'armuriers turcs,
où des hodjas musulmans étaient en train de faire des
achats. Puis je me rendis au quartier arménien...
...
M. Chambers et moi n'avions pas encore quitté le
quartier, que nous rencontrâmes un jeune homme cou–
vert de sang. I l avait été battu par des Turcs que nous
croisâmes un peu plus l o in , au tournant d'une rue.
Toutes les voies étaient bondées de Turcs portant des
bâtons avec de gros nœuds au bout. Ces bâtons n'avaient
pas été ramassés en hâte, au moment même; i l était
évident qu'on se les était procurés à l'avance. Les rues
étaient au pouvoir des Turcs, déjà avant que les t r ou –
bles n'eussent éclaté. J'insiste tout particulièrement
sur ce point . Les Arméniens apeurés s'étaient retirés
Fonds A.R.A.M