guerre sainte. En plein marché d'Adana, des fana–
tiques plaisantaient les Arméniens : « O giaours,
on va bientôt vous égorger. »
Vainement ceux-ci signalaient le danger, de–
mandaient que des mesures fussent prises. Vai–
nement leurs chefs ecclésiastiques, le patriarche
de Sis, Mgr Sahak, l'archevêque d'Adana, Mgr.Mou-
cheg, prévenaient le gouverneur général du vilayet,
Djévad bey, le ministre de l'intérieur, le grand
vizir Ki ami l et son successeur H i l m i pacha. A
Gonstantinople on était trop absorbé pour tenir
compte de ces avertissements. Quant à Djévad bey,
contrairement à l'accusation dont i l a été l'objet
d'avoir systématiquement caché la vérité à la Porte,
i l a été établi qu ' i l avait lui-même attiré l'attention
du grand-vizirat sur la gravité de la situation.
Mais i l cherchait à en rejeter la responsabilité sur
les Arméniens. I l avait même représenté leur chef,
l'archevêque d'Adana, comme un agent révolu–
tionnaire dangereux, sans doute parce que ce pré–
lat, très remuant et énergique, défendait coura–
geusement et non sans quelque imprudence, les
droits et les intérêts de ses ouailles.
Djévad, homme faible et timoré, n'était en réalité
qu ' un instrument entre les mains d'une coterie de
riches et influents notables d'Adana, entre autres
un certain Bagdadi Zadé Abdu l -Kade r . Au reste
les antécédents de Djévad n'étaient pas très b r i l –
lants. Créature d ' Abdu l -Hami d , i l avait fait toute
sa carrière à Yi l d i z , et l'on sait que ce n'est pas là
un certificat de bonne conduite. Ses collabora-
Fonds A.R.A.M