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yeux des masses asiatiques, qui s'en tiennent à
toutes les vieilles traditions. C'est encore là un
préjugé que l'admission des chrétiens dans l'ar–
mée fera tomber avec le temps, à supposer que la
loi sur le service militaire votée par la Chambre
ottomane puisse triompher des grosses difficultés
auxquelles son application va se heurter.
Dès l'automne de 1908, c'est-à-dire dès le t r o i –
sième ou quatrième mois de l'ère nouvelle, se
dessinait déjà en Cilicie un mouvement anti-armé–
nien que menaient des hodjas, des notables, des
chefs de tribus. Dans le caza de Boulanik, le moufti
de Bagtché, Ismaïl Hakki, allait proclamant que la
Constitution était l'œuvre des Arméniens, et i n v i –
tait les fidèles à défendre le Cheri'i outragé. Son
compère Guveli-Oglou Vely, s'adressant aux A r –
méniens, les engageait à ne pas trop se réjouir,
ajoutant que leurs j ours étaient comptés. Un cer–
tain Keur Ahmed, de Hadjine,exhortait ses coreli–
gionnaires des environs à se tenir prêts... A I s -
lahyé, c'était le chef Kussé-agha qui répandait la
bonne parole. I l se plaignait amèrement du nou–
vel état de choses qui allait, disait-il, mettre bien–
tôt fin à son autorité, au prestige de sa t r i bu , à ce
qu'il appelait sa liberté. I l en concluait qu'il fallait
attaquer les Arméniens. Un docte théologien,
Arab Mollah, parcourait le vilayet en prêchant la
Fonds A.R.A.M