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ce régime dont ils attendaient le salut, qui fut,
comme on le verra, à la fois la cause et l'occasion
de la terrible tragédie qu'on a vue se dérouler i l y
a neuf mois en Gilicie et en Cœlésyrie.
La Cœlésyrie n'a été atteinte par la catastrophe
que clans sa partie septentrionale et sur certains
points seulement : Antioche, Kessab, Beilan, K i r i -
klian, les environs de Lattakièh et d'Alexandrette.
C'est surtout la Cilicie qui a été le théâtre du mas–
sacre. Cette antique province, dont les limites cor–
respondent à peu près à celles du vilayet d'Adana,
est placée à la jonction de la côte syrienne et de
la côte micrasiatique. Elle entoure de sa grande
plaine le golfe d'Alexandrette, et cette plaine est
elle-même complètement fermée par une enceinte
naturelle de montagnes, trouées de défilés et de
gorges profondes.
A l'ouest et au nord, ce sont les terres hautes
du Taurus, la Cilicie Trachéodite des Anciens,
région rude et froide; au sud et au sud-est, c'est
le pays plat, fertile et boisé de la Cilicie « cham–
pêtre » , plaine d'alluvions qu'arrosent des cours
d'eau, rivières ou véritables fleuves aux noms
illustres : le Pyramus, le Sarus, le Calycadnus,
dans les eaux duquel périt Frédéric Barberousse,
le Cydnus où se baigna Alexandre et que Cléopa-
tre remonta sur sa trirème d'or aux voiles de
pourpre pour aller à Tarse au-devant d'Antoine.
Fonds A.R.A.M