dant à régénérer la Turquie par l'établissement
d'un gouvernement qui y ferait régner une paix
basée sur la justice et le droit.
C'est que de tous les peuples divers et hétéro–
gènes, musulmans ou non-musulmans, qui com–
posent le vaste empire, ce sont les Arméniens-
qui après les Turcs sont le plus attachés, le plus
directement intéressés à la conservation de la
Turqui e . Les poètes, les patriotes, les révolution–
naires eux-mêmes qui jadis avaient conçu le rêve
de reconstituer le royaume d'Arménie, ont aban–
donné cette généreuse chimère : comment réunir
les membres de cette famille ethnique épars entre
la Perse, la Turquie et la Russie ? Mêlés partout à
des populations allogènes, ne constituant nulle
part un noyau suffisant pour tenter avec une
espérance de succès de rassembler ces tronçons,
n'ayant pas, comme d'autres races de l'Empire
ottoman, des frères émancipés et un coin de libre
patrie qui pût être un centre d'attraction, préférant
à tout prendre, et même au temps de leurs pire&
détresses, les maux du despotisme turc au sys–
tème de sourde russification qui menace leurs
congénères du Caucase dans leur existence natio-
nale, les Arméniens ottomans étaient tout natu–
rellement portés à soutenir le gouvernement des
Jeunes-Turcs.
I l leur donnerait à eux, comme aux autres, la
liberté, i l leur garantirait tout au moins le droit
à la vie et apporterait un adoucissement à leur sort.
Par une inconcevable fatalité, c'est précisément
Fonds A.R.A.M