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et qu ' i l Tait été aussi impunément après qu'avant
l'établissement de la Constitution en Turquie.
Les grands massacres de 1895-1896 avaient été
suivis d'une période d'accalmie : accalmie toute
relative, car dans les provinces d'Anatolie où
l'Arménien voisine partout soit avec le Kurde ,
soit avec le Turc , la persécution, sourde ou v i o –
lente, n'a jamais cessé. Sauf en Cilicie, où elle
jouissait d'une certaine sécurité, la race armé–
nienne, vouée périodiquement aux agressions,
aux razzias des bachi-bozouks, aux exactions des
fonctionnaires, des beys et des aghas, espèce de
tyranneaux qui sont le fléau des provinces, allait
en décroissant et en sappauvrissant. Lorsque fut
proclamée la constitution, la condition des Armé–
niens de Turquie était toujours extrêmement pré–
caire. Aussi accueillirent-ils avec un enthousiasme
sans bornes cette ère nouvelle dont ils espéraient
leur délivrance.
Dans les fêtes qui au lendemain de la « Révolu–
t i on » turque sont venues glorifier cet événement
inattendu, dans les manifestations qui eurent lieu
à Constantinople, à Smyrne et dans quelques cen–
tres d'Anatolie, Turcs et Arméniens fraternisèrent
avec une particulière cordialité. 11 se passa même
des choses inouïes. L' on v i t des prêtres armé–
niens et des « turbanais » musulmans, mollahs et
Fonds A.R.A.M