Nous avons démontré, dans le chapitre précédent de cet
ouvrage, que les Turcs, par des mesures iniques et barbares,
avaient réussi à régler la question des minorités chrétiennes
en supprimant simplement ces minorités et en en chassant
les survivants hors de leurs foyer et de leurs pays.
Ils croyaient, par ce moyen barbare, être définitivement
débarrassés de toute cause ou prétexte d'intervention euro–
péenne dans les affaires de la Turquie.
Cette politique inqualifiable n'a servi cependant qu'à met–
tre plus en évidence la question arménienne et à rendre plus
impérieuse la nécessité de son règlement définitif.
La plaie béante de cette question est transportée à l'heure
actuelle de tous les coins ignorés de l'Asie Mineure en Europe
même, sous les yeux du monde civilisé. Elle est là en Syrie
française sous la figure lamentable de plus de
90.000
réfugiés
en loques, grevant d'un poids lourd le budget français. Elle
est en Grèce, en Bulgarie, dans les Iles Ioniennes, en Chypre,
en Egypte, en Mésopotamie, en Roumanie, en Crète, en Rus–
sie, à Marseille, partout en Europe ; les vagues sans cesse
renouvelées des fugitifs hagards déferlent jusqu'aux portes
de l'Amériqeu lointaine.
Ces réfugiés sont au nombre de
200.000
dans la Républi–
que arménienne, de plus de
100.000
dans le Caucase du Nord
et en Géorgie, d'environ
100.000
en Grèce,
90.000
en Syrie,
environ
5
o
.
ooo en Bulgarie, etc., etc. Leur total, disséminés
un peu partout, dépasse le nombre de
700.000.
Et ce nombre
augmente chaque jour par les fugitifs de la Thrace Orientale
et de Constantinople.
Ces malheuerux, arrachés par force à leurs foyers, ne con–
naissant n i la langue n i les mœurs des pays où ils ont été bru–
talement jetés, sont en grande majorité incapables de pour–
voir par leur propre travail à leur subsistance. Le Comité de
Secours américain, la Société des Nations, les Comités Nan-
sen, les gouvernements français, britannique, grec, bulgare,
Fonds A.R.A.M