Au point de vue territorial, au commencement de la
guerre, les six vilayets orientaux d'Erzeroum, Bitlis, Van,
Sivas, Kharpout et Diabékir, avec leur population a rmén i enne
de i.
018.000
âmes, étaient reconnus comme provinces armé–
niennes par les Grandes Puissances.
A la veille de la Conférence de la Paix Orientale, les Turcs
ayant anéanti ou chassé tous les originaiers arméniens de ces
provinces, se présentent non seulement comme les maîtres
incontestés de toute cette région, mais aussi d'une bonne partie
de l'Arménie Transcaucasienne, représentant environ
20.700
kilomètres carrés des plus riches territoires faisant partie de
la Russie d'avant-guerre, à savoir la province de Kars et les
districts de Sourmalou et de Nakhitchévan.
Au point de vue politique, un traité non ratifié, le Traité
de Sèvres, portant la signature des chefs des gouvernements
alliés, reconnaissant l'indépendance de l'Arménie dans les
limites tracées par l'arbitrage du Président Wilson, englobant
l'Arménie Transcaucasienne et les provinces de Van, Bitlis et
Erzeroum avec une petite partie du vilayet de Trébizonde,
traité qu'il s'agit d'adapter à la nouvelle situation créée dans
l'Orient.
Voilà en quelques traits brefs comment se présente la
situation de l'Arménie et de la question arménienne à la veille
de la Conférence Orientale.
Mais en dehors de toute considération d'équité, d'huma–
nité et de politique, la question arménienne est, à notre avis,
dominée à l'heure actuelle par celle des réfugiés.
Après une guerre qu i a coûté la vie à des millions d'hom–
mes, les massacres les plus terribles peuvent être oubliés; dans
un monde bouleversé qui aspire à la paix, les droits histori–
que perdent de leur importance et les promesses les plus solen–
nelles ne sont plus considérées comme des dettes d'honneur.
Mais la question des réfugiés est une de ces questions d'ordre
pratique qui demandent une solution radicale et immédiate.
Fonds A.R.A.M