Depuis la signature de l'armistice jusqu'au Traité de
Sèvres les nationalistes turcs, jouissant de leurs pleine liberté
d'action, avaient eu tout le temps nécessaire pour organiser
leur résistance. Ils s'étaient en outre acquis de nombreux et
puissants appuis en Europe, en usant de vieux procédés, chers
à la diplomatie turque, de susciter des rivalités entre les Puis–
sances.
Quand l'acte du
10
août
1920
fut repoussé par Mustapha
Kémal, les Puissances Alliées ne prirent aucune mesure propre
à en imposer la ratification et l'exécution. En dépit de l'al–
liance avérée entre Moscou et Angora, et des secours en armes
et en munitions que les bolcheviks faisaient parvenir aux
nationalistes pour les inciter à faire la guerre aux Puissances
Occidentales, les Puissances Alliées n'usèrent d'aucun moyen
de contrainte contre ces derniers.
Tandis que les nationalistes turcs soutenus par les bolche–
viks voyaient ainsi leurs rangs grossir et se fortifier de j ou r
en jour, et leur espoirs grandir, l'Arménie, par contre, était
abandonnée à son triste sort.
Edifiée par ses propres moyens, la République Armé–
nienne qu i , dès sa création et en dépit des dangers dont elle
était entourée, n'avait cessé de donner aux Alliés les preuves
d'une solidarité politique égale et constante, se voyait réduite
à un état d'isolement que ne faisaient prévoir n i les sacrifices
antérieurs des Arméniens pour la cause commune», n i les
promesses solennelles qui leur avaient été faites par les
Alliés au cours de la guerre. L'Arménie se croyait cependant
d'autant mieux fondée dans ses espérances d'aide, de secours
et de protection, que sa situation géographique et l'ensemble
des conditions q u i avaient accompagné sa renaissance, l u i assi–
gnaient un rôle d'Alliée étroitement solidaire des intérêts de
l'Entente.
Depuis la fin de la guerre générale, l'Arménie n'avait
point connu les bienfaits de la paix, obligée de partager ses
Fonds A.R.A.M