rieusement à la pénétration des colons européens,
ils se trouvent encore, à leur insu, barrer la route à
la germanisation projetée de toute l'Anatolie » (Gib–
bons, p. 40*
Si des Anglais, et même des Américains parlent
ainsi, on ne sera pas étonné que des Arméniens, et
surtout des Arméniens révolutionnaires, expriment
des pensées analogues. Un membre influent de
l'Association révolutionnaire arménienne Dachan-
akzoutioum, réfugié à Athènes, a fait au correspon–
dant du journal
La Dépêche,
17
mars
1916,
une
communication détaillée dans laquelle il s'explique
ainsi : « L'Allemagne visait la conquête pacifique
des marchés ottomans. Mais en Asie Mineure, ils
rencontraient dans les Arméniens de terribles adver–
saires. Depuis plus de vingt ans, les trois quarts de
l'exportation et de l'importation turques étaient
concentrés dans les mains d'importantes maisons
arméniennes, qui trafiquaient exclusivement avec
l'Angleterre, la France et la Turquie, exécutant non
seulement toutes sortes de commandes du gouverne–
ment ottoman, mais aussi lui accordant souvent des
secoursfinanciersassez importants ». Les Allemands
recherchèrent le concours de ces maisons armé–
niennes, qui ne le refusèrent pas. Mais les résultats
ne furent pas ce que les Allemands voulaient. Dès
1894,
ceux-ci prirent une attitude hostile. Abdul-
Hamid fit des appels à la police allemande. La
police allemande répondit à ces appels, des listes
noires furent dressées, etc., etc.
Et tout ramène à la même conclusion : les Armé–
niens pouvaient être pour les Allemands de précieux
auxiliaires, mais s'ils n'acceptaient pas docilement
cet emploi, ils pouvaient être de dangereux adver–
saires.
Fonds A.R.A.M