Mais une autre réflexion suit la première. Dans
cette Turquie à exploiter, les Arméniens étaient-ils
des aides ou des concurrents ? Les Arméniens
étaient, économiquement et politiquement, des obsta–
cles. Les Turcs travaillent A supprimer ces obstacles.
Et l'on comprend que le livre anglais
Armenian
Atrocities
pose cette question : à qui profitent ces
massacres ? Question terrible ! « A qui cela profite-
t-il ? Pas à ('Arménien, pas au Turc. Les Armé–
niens, s'ils avaient été épargnés, étaient destinés à
occuper une place très désirable au soleil, à leur
propre profit et au bénéfice de leurs voisins turcs »
(
Arnold J. Toynbee,
Armenian atrocities,
The Mur-
der of a nation, with a speech delivered by Lord
Bryce, in the House of Lords, p.
116).
—
L a Revue
des Deux-Mondes,
du i
c r
février
1915,
p.
533,
dit :
«
L'Allemagne a intérêt à la disparition des Armé–
niens, en tant que constituant un groupement natio–
nal et politique assez fort pour aspirer au moins à
une autonomie administrative. » — Et M. A. Gib–
bons : « Les Allemands et les Allemands seuls, sont
appelés à bénéficier de l'extermination du peuple
arménien. — Les Arméniens sont le facteur essentiel
et la sûre garantie de l'indépendance économique et
politique des Turcs en Asie Mineure. Par là même,
ils sont la pierre d'achoppement aux visées domina–
trices de l'Allemagne. Elevés en grande partie dans
les écoles françaises et américaines, ils parlent fran–
çais et anglais. En relations commerciales avec l'Eu–
rope occidentale et avec l'Amérique, et principale–
ment avec l'Angleterre, ils font naturellement échec
aux commis-voyageurs allemands. De même, parce
qu'à l'intérieur de l'Asie Mineure, ils forment seuls
l'élément agricole au point de pouvoir résister victo-
Fonds A.R.A.M