Ham i d a ouvert l a voie de sang où marchent
les Jeunes-Turcs ? — Des horribles massacres
"
du passé, et, par conséquent, des horribles
massacres d u présent, toutes les nations de
l'Europe sont responsables, toutes. — Les res–
ponsabilités sont l o i n d'être égales, mais l a
part la plus petite est encore beaucoup t r o p
grande ! Frères arméniens, pardon !
Et v o i c i que le malheur nous ouvre les yeux.
Nous commençons à comprendre, et à sentir
ce q u ' i l en coûte pour ne pas avoir maintenu
votre droit, pour avoir jeté u n voile sur l a
face de la Justice, pour avoir répété l a parole
de Caïn — cet homme qui devient l'homme d u
j o u r — « Suis-je le gardien de mon.frère,
mo i » ? Oui, tous les peuples^sont gardiens de
tous les peuples, leurs frères. Nous ne vous
avons pas gardés, nous avons péché c6ntre
l'humanité et contre nous.
Mais notre souffrance même fait notre espé–
rance ! — Si tous nous souffrons pour avoir
méconnu le Droit et l a Justice, c'est donc que
le Droit n'est pas u n vain mot, et que l a Justice
existe. I l y a une justice immanente, et des
crimes qu i ne peuvent pas ne pas être punis.
Ces jours-ci on a beaucoup parlé de cruci–
fixion- Puis, les paroles ont été démenties.
Laissons les paroles, et tenons-nous en aux faits.
L'Allemagne a crucifié la Belgique ; l ' A l l ema –
gne et l a Bulgarie ont crucifié l a Serbie et le
Monténégro; la Turquie a crucifié l'Arménie.
Oh ! sans doute, j e distingue entre les Gou–
vernements et leurs peuples, réduits à l'erreur
et au silence. Même j e le sais : certains p r i n -
Fonds A.R.A.M