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ne se sont pas réfugiés à Stamboul » . Faire
mo u r i r peu à peu pa r le fusil, pa r le sabre,
par l'eau, par le feu, pa r l a f a i m , pa r l ' i n f a –
mie, tout u n peuple, c'est une abomination q u i
a beau être vraie, vraie, v r a i e , elle reste
invraisemblable, impossible, même p o u r l ' i ma –
gination d u p l u s déséquilibré.
L a pensée demeure stupide ! Et quand j e
reprends conscience de l a réalité — en face
des représentants de l'Arménie, qu i m'écoutent
l a première parole qu i sort, balbutiée,
de mes lèvres, c'est : Frères arméniens, p a r –
don !
Au j o u r d ' h u i aucune nation neutre n'a r omp u
ses relations avec l e gouvernement Jeune-Turc,
et toutes ont échangé avec l u i , le 1
e r
j a n v i e r ,
leurs vœux de bonne année. A Constantinople,
à l a table d'Enver-Pacha, l'esclave de l'Etat-
ma j o r allemand, l'âme damnée de l a germa–
nisation de l a Turquie, l e général v o n der
Goltz, a porté u n toast, où i l a promis au gou–
vernement Jeune-Turc, au n om de Dieu, l a
Victoire. Et , quelques j o u r s plus t a r d , le Chan–
celier a fait déclarer à l a t r i bun e du
Reichstag
q u ' i l s'appropriait pleinement l a thèse Jeune-
Turque. Les massacres d'Arménie?.... i l s'agit
d'une « évacuation... rendue nécessaire pa r
les menées ennemies » . On s'est borné à fixer
«
de nouveaux lieux de résidence
» .
Ou i : les
cimetières, au désert. — E t nous nous d eman –
dons avec effroi comment on peut arriver « à
désapprendre à ce point toute sensibilité » ( V I I ,
1-4,
et V I I I , 1-3).
Mais, nous, qu'avons-nous fait, lorsque A b d u l -
Fonds A.R.A.M